Malgré les craintes qui pèsent sur la possibilité d'assurer la soudure avec la nouvelle récolte en blé, la France continue d'être présente aux exportations. Ceci grâce à la qualité des blés hexagonaux et des arbitrages en alimentation animale. La jonction entre les deux campagnes pourrait être plus fluide que prévu, a-t-on appris mercredi à l'issue du conseil spécialisé de FranceAgriMer.
« La différence de prix entre les blés SRW américains (équivalent au blé meunier standard français) et le blé meunier français plaide en faveur du SRW. Mais cette année, la valeur meunière de ces blés apparaît inférieure à celle de son homologue français », constate Xavier Rousselin, chef de l'unité des grandes cultures chez FranceAgriMer. Dans ces conditions, le blé français reste dans le peloton pour les exportations, même si les dernières transactions attestent d'une moindre prédominance de l'origine hexagonale.
Aussi, l'Argentine, grand exportateur de blé, a déjà fort à faire pour approvisionner ses partenaires du Mercosur (marché commun du Sud), Brésil en tête, et de l'Afrique australe. En effet, sur ce dernier débouché, l'Australie, est beaucoup moins agressive cette année vu la qualité médiocre de ses récoltes. Pour la France, la voie reste donc libre pour approvisionner ses clients traditionnels du Maghreb.
Les producteurs n'hésitent pas à vendre leur marchandise : le taux de collecte de la récolte française au 1er décembre 2010 est exceptionnel et estimé à 80 % contre 68 % en 2009. C'est autant de quantités disponibles en plus pour l'exportation.
Vu les prix élevés, « dans certaines régions mixtes (élevage et grandes cultures), certains exploitants ont préféré livrer une partie de leur production, pour avoir du cash, quitte à changer les modes d'alimentation de leurs animaux », analyse Christian Vanier, directeur adjoint de FranceAgriMer en charge de l'animation des filières.
Aussi, les prix élevés du blé entraînent une désaffection de celui-ci en alimentation animale. Les fabricants préfèrent intégrer de l'orge mais surtout du maïs dans les rations. Là encore, cela accroît par ricochet les capacités de la France à exporter du blé. Ainsi, FranceAgriMer a réévalué à la hausse ses prévisions d'exportation vers les pays tiers (hors Union européenne) de 200.000 t, à 12,1 millions de tonnes (Mt). Le stock de fin de campagne est lui aussi réhaussé à 2,2 Mt, contre 2 Mt estimés au début de janvier.
Offre et Demande Agricole a réagi dans la foulée en insistant sur le fait que « la soudure intercampagne sera tendue ».
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