Face à des stocks importants et de qualité chez les grands pays exportateurs, les professionnels de la filière ont incité les producteurs à vendre même si les prix sont peu attractifs, lors de la journée du blé dur qui s'est déroulée jeudi à Vendôme, dans la région Centre.
Canada, États-Unis, Mexique, Europe, France... Quelle que soit la région de production considérée, le bilan du blé dur promet d'être lourd pour la fin de la campagne avec des stocks conséquents qui devraient se reporter pour 2010-2011. Ainsi, les perspectives sont moroses pour les prochains mois à venir.
Un représentant du Canada, premier producteur et exportateur mondial, a enfoncé le clou en annonçant que le pays détient des stocks importants et de très bonne qualité, avec uniquement des lots de catégorie 1 et 2.
« Il est vrai que les prix sont "dégoûtants", mais cela ne doit pas nous empêcher de voir les problèmes qui se profilent devant nous avec les offres du Canada et des États-Unis. Il nous faudra régler ces problèmes, a annoncé Philippe Kerbidi, trader en céréales pour In Vivo. Le blé dur est un petit marché très peu élastique. Pour que la demande réagisse aux prix bas, il faut atteindre les seuils pour la consommation animale. »
« La région des grands lacs est fermée jusqu'au 15 avril, ce qui gèle complètement la logistique pour les blés canadiens et américains. Il faudra saisir cette fenêtre de tir pour exporter », a expliqué Jean-Philippe Everling, directeur de Granit négoce.
Le seul bol d'air frais viendra des semis de blé dur en 2010 qui sont attendus en très nette baisse pour les grandes zones de production, alors que le différentiel de prix avec le blé tendre n'incite pas à des emblavements de blé dur. Les surfaces seraient en baisse de 25 % au Canada, de 10 % aux États-Unis, et devraient diminuer également en Italie et au Mexique. La France se démarque avec une hausse de 15 %.
Néanmoins, même avec une production en baisse, les stocks mondiaux pourraient continuer de peser sur les prix sur la première partie de la campagne 2010-2011.
Jean-François Gleizes, président du comité de pilotage de la filière du blé dur a annoncé que pour permettre aux acteurs de s'arbitrer, « nous sommes en cours de réflexion au niveau européen sur la création d'un marché à terme du blé dur ».