Le site normand de Lillebonne devrait commencer sa reconversion en amidonnerie dès 2013, et la mutation du site industriel se fera à approvisionnement constant en céréales, dans l'espoir que la seconde génération de biocarburant permette de combler les quantités d'éthanol produites en moins, a-t-on appris jeudi, lors de la conférence de presse annuelle de Tereos.
« Notre volonté est de valoriser au mieux la matière première agricole. C'est la vocation des coopératives, justifie Philippe Duval, président du directoire de Tereos. Nous avons voulu tirer les conséquences de la hausse des cours des céréales, et transférer une partie de la transformation de blé vers la production d'amidon dont les cours sont mieux corrélés à ceux des céréales. »
En effet, le problème de valorisation du blé sur le site se pose depuis 2007-08, alors que le modèle économique de l'usine était basé sur des perspectives d'approvisionnement à un cours du blé moyen de 120 €/t. Les dirigeants de Tereos envisagent d'ailleurs un prix moyen de marché du blé à 180 €/t, pour la campagne prochaine. Le manque à gagner est donc très élevé dans ce contexte, et en très grande partie supporté par les producteurs.
Avant la production d'amidon, la première étape de la reconversion du site se fera dès cette année, avec le lancement de la production de gluten issu de la fraction protéique du blé.
« A Lillebonne, nous voulons multiplier la gamme de produits qui sortent de l'usine, afin de pouvoir être en mesure de nous arbitrer en fonction des différents débouchés », assure Pierre-Christophe Duprat, directeur de la section des céréales (Syral et BENP).
L'évolution de l'activité céréalière de Lillebonne devrait se faire à approvisionnement constant. Les arbitrages entre le blé éthanol et la valorisation d'autres produits pourra commencer à partir de 2013. A ce moment-là, il y aura une baisse de la production d'éthanol de blé. « Nous espérons que la production à partir de biomasse non alimentaire prendra le relai de la production de première génération qui sera produite en moins », ajoute Pierre-Christophe Duprat.
Thierry Lecomte, président du conseil de surveillance, explique que le groupe souhaite « privilégier la transformation de matières premières non alimentaires pour les débouchés industriels, et garder les plantes nobles comme le blé pour nourrir les hommes ».