Les autorités allemandes ont de fortes présomptions sur l'origine de la contamination par la bactérie Eceh, laquelle a déjà tué 22 personnes, dont 21 en Allemagne et une en Suède. Elles recommandent « aux consommateurs de renoncer pour l'instant à la consommation de graines germées ».
Pour autant, elles n'ont toujours aucune certitude : la traque à la bactérie mortelle s'orientait ce lundi 6 juin 2011 vers les germes et autres jeunes pousses d'une exploitation agricole bio en Allemagne, et non à l'étranger, mais les autorités jouaient la prudence.
« Nous avons certes des indices clairs qu'une entreprise de Uelzen (nord) est apparemment une source d'infection, mais nous devons attendre la confirmation des tests de laboratoire », a déclaré le ministre allemand de la Santé, Daniel Bahr, le dimanche 5 juin 2011 dans la soirée sur la chaîne publique ARD.
Les premiers résultats de tests pratiqués sur 40 échantillons de graines germées devraient être présentés ce lundi 6 juin 2011 dans l'après-midi.
Après avoir lancé la fausse piste du concombre espagnol, qui a provoqué une minicrise diplomatique entre Berlin et Madrid, l'Allemagne a décidé de jouer la prudence. L'Espagne a annoncé qu'elle allait réclamer à l'Union européenne « des aides extraordinaires » comme « dédommagement » pour le préjudice subi par son agriculture.
Dès le jeudi 2 juin, la chancelière Angela Merkel avait toutefois dit que l'Allemagne s'en remettrait à l'UE pour une éventuelle indemnisation.
Depuis le dimanche 5 juin 2011, les graines germées sont dans le collimateur des autorités sanitaires allemandes, qui avaient jusqu'ici jeté l'opprobre sur les concombres, tomates et salades crus. « La preuve définitive n'en a pas encore été apportée », a mis en garde Gert Lindemann, ministre de l'Agriculture de l'Etat fédéré de la Basse-Saxe, où se trouve l'exploitation agricole mise en cause.
L'entreprise produit une variétés de graines germées (brocoli, radis, moutarde, alfalfa..) ou de jeunes pousses de haricots (mungo, azuki, etc.), essentiellement pour les salades, venues de l'Allemagne, mais travaille aussi avec d'autres pays européens et l'Extrême-Orient.
« Les présomptions sont toutefois si fortes que nous devons recommander aux consommateurs de renoncer pour l'instant à la consommation de graines germées », a-t-il dit.
En 1996, une épidémie similaire avait éclaté au Japon, faisant plus de 10.000 victimes, dont huit morts. Dans les sept années suivantes, 14 personnes devaient décéder au cours d'épidémies sporadiques.
Les autorités sanitaires nippones avaient d'abord soupçonné les graines de radis germées, mais aucune preuve n'était venue finalement étayer ces accusations et l'origine de l'épidémie n'a jamais été établie.
Ce Lundi, l'Eceh devait être au centre de la réunion des ministres européens de la Santé, à Luxembourg. Madrid a demandé dans la matinée une révision du mécanisme d'alerte alimentaire de l'UE.
« Je vais exprimer notre préoccupation pour la manière dont cette crise a été gérée, car cela a eu des conséquences graves pour les intérêts de notre pays », a déclaré la ministre espagnole de la Santé, Leire Pajin, à son arrivée à Bruxelles. « Il faut agir pour éviter que ce type de situation se renouvelle, car nous avons subi des préjudices graves et irréparables», a-t-elle insisté.
Et mardi, c'est au tour des ministres européens de l'Agriculture de se retrouver pour une réunion extraordinaire consacrée à la bactérie Eceh et ses conséquences pour les producteurs de légumes, dont les ventes se sont effondrées.
La Commission européenne avait indiqué le dimanche 5 juin 2011 dans la soirée que l'Allemagne devrait prochainement lancer un avertissement sur des graines germées via le système européen d'alerte rapide. Il ne s'agit pas à ce stade d'une véritable alerte européenne portant sur des lots spécifiques, comme cela avait été le cas à propos des concombres espagnols, avait toutefois souligné Frédéric Vincent, porte-parole en charge des questions de santé.
Lire également :