Le devenir de la production laitière et des structures d’élevage dépend d’une multitude de facteurs : implication des industriels, localisation, ambiance laitière, taille des exploitations, soutien des pouvoirs publics, etc.
Chercheurs et professionnels ont débattu ensemble de l’avenir des territoires laitiers, le 6 mai 2010 à Paris, lors de rencontres organisées par la Fesia (1), en abordant quatre thèmes :
1. L’avenir des zones à faible densité laitière
L’étude a porté sur les régions Centre et Midi-Pyrénées. Dans ces deux zones, la densité laitière est faible et les grandes cultures concurrencent l’atelier laitier. A l’avenir, la production pourrait disparaître progressivement (contexte accru de libéralisation), subsister dans quelques « microbassins » ou des « îlots », grâce à la présence de « quelques (grosses) firmes », de groupes d’éleveurs ou d’éleveurs isolés, selon les opportunités. Dans un scénario plus optimiste, la production laitière profiterait de la proximité des bassins de consommation (Paris ou Toulouse). Cela nécessiterait un recentrage local, avec la participation de tous les acteurs, y compris les pouvoirs publics territoriaux. « L’ambiance laitière » (nombre d’éleveurs, relationnel producteur-transformateur, stratégies et concurrence entre firmes…) est également fondamentale pour le maintien de l’activité.
2. Territoires et restructuration laitière
Les « petits producteurs » (moins de 150.000 litres) ne sont pas simplement les oubliés des politiques de restructuration. Certains d’entre eux possèdent une « véritable dynamique » : les uns sont en phase d’agrandissement, d’autres se positionnent sur des créneaux de vente directe, d’accueil à la ferme, de transformation... Ces petites structures sont viables, remettant en cause l’inéluctabilité de la concentration. En revanche, d’autres sont plutôt en fin de carrière, sans transmission assurée. Les politiques d’accompagnement locales, l’ambiance laitière, l’accès au conseil technique, etc. sont décisifs dans le maintien des petites structures, qui ont un rôle vital dans l’occupation du territoire et le maintien d’emplois indirects.
3. Impact de la disparition des quotas sur les territoires laitiers
En 2015, plusieurs facteurs joueront dans le maintien ou la disparition des quotas laitiers. Tout d’abord, l’implication des industriels aura un rôle prépondérant. Les signaux du marché (équilibre offre-demande, variation des prix) se renforceront. L’effet d’entraînement entre territoires voisins sera également à prendre en compte : le dynamisme d’une zone influe positivement sur les zones voisines. Enfin, les « moteurs de dispersion » des élevages (en opposition à la concentration) sur le territoire ont pour l’instant un impact limité, mais ils pourraient s’accentuer et atténuer le mouvement de concentration. Ce sont par exemple les réglementations environnementales et la directive nitrate, les facteurs climatiques…
4. Éleveur : un métier en question
Dans l’étude, il apparaît que les réseaux professionnels jouent un rôle structurant dans les choix de logique productive :
- conduite fine par animal versus conduite entrepreneuriale du troupeau ;
- recherche de sécurité économique versus croissance par intégration au sein de la filière.
La façon d’appréhender le travail est également très différente d’un éleveur à l’autre, avec trois tendances fortes :
- sentiment négatif vis-à-vis de l’astreinte ;
- organisation rationalisée, avec comme impératif disposer de temps libre ;
- conception du travail « créative et passionnée », où l’éleveur ne compte pas ses heures tout en ayant le sentiment de maîtriser son temps.
Enfin, la modernisation n’a pas entraîné d’uniformisation du travail, mais une diversité des modes d’organisation.
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(1) La Fédération des écoles supérieures d'ingénieurs et de cadres (Fesia) fédère quatre établissements d'enseignement supérieur agronomique privés (Esa Angers, Isa Lille, Isara Lyon et IEP Purpan).