« Le Parlement européen a opposé son veto à l'autorisation de la thrombine, substance dérivée des parties comestibles des porcs et des bovins, en tant qu'additif alimentaire », selon le communiqué publié mercredi à l'issue du vote en session plénière.
« Les députés ont estimé que l'utilisation de cette “colle à viande” trompait les consommateurs, en permettant aux industriels de présenter des produits recomposés sous forme de morceaux entiers », ajoute-t-il.
Par 370 voix contre 262 – soit une voix de plus que la majorité nécessaire –, les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg ont rejeté la proposition de la Commission européenne.
« Les députés se sont notamment appuyés sur un règlement européen de 2008 qui définit les conditions d'autorisation des additifs alimentaires dans l'UE : leur utilisation ne doit pas être susceptible d'induire le consommateur en erreur et ils doivent présenter un avantage ou un intérêt particulier pour le consommateur (meilleure préservation de la qualité nutritive des produits, amélioration de la capacité de conservation, etc.). Deux conditions qui ne sont pas remplies par la thrombine, selon les partisans du veto », explique le Parlement.
Juste avant le vote, le commissaire chargé de la Santé, John Dalli, avait argumenté que l'autorisation de cette « colle » ne visait qu'à « clarifier la situation » : la Commission souhaitait que la présence de l'enzyme soit obligatoirement mentionnée sur l'étiquette des produits carnés concernés.
Elle voulait de plus harmoniser les législations nationales, la thrombine étant déjà autorisée dans certains Etats membres comme « élément d'aide à la fabrication » et non comme « additif alimentaire ».
En outre, avait fait valoir M. Dalli, la thrombine aurait permis de mettre sur le marché des produits carnés « moins chers », puisqu'issus de morceaux de viande de bas de gamme, ce qui au final aurait été « à l'avantage des consommateurs les moins aisés ».
Mais les eurodéputés ne l'ont pas entendu de cette oreille. « Un steak est un steak, un jambon est un jambon », a martelé le social-démocrate allemand Jo Leinen.
Lors d'une rencontre avec la presse, l'écologiste français José Bové avait de son côté fustigé une « tromperie sur la marchandise » et une tentative « d'arnaquer le consommateur ».
La résolution adoptée mercredi précise d'ailleurs que « le risque d'induire le consommateur en erreur (aurait été) évident » en cas d'autorisation de la thrombine. De plus, son innocuité pour la santé du consommateur n'a pas suffisamment été démontrée, notamment en raison du risque accru de contamination des produits par des bactéries.
« Les autorités nationales restent néanmoins compétentes pour décider de l'autorisation de la thrombine en tant que substance destinée à la simple transformation des aliments (“auxiliaire technologique”) et non à la consommation en tant que telle », précise le Parlement européen.