Plus d'un milliard de tonnes de nourriture, soit un tiers de la production mondiale, est gaspillée chaque année, pour un coût d'environ 750 milliards de dollars et avec un impact très négatif sur l'environnement, a déploré mercredi la FAO.
« Le gaspillage massif de nourriture a une grande importance sur la sécurité alimentaire et la sécurité en général », a déclaré José Graziano da Silva, directeur général de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), basée à Rome, en présentant un rapport à ce sujet.
« Nous ne pouvons tout simplement pas permettre qu'un tiers de toute la nourriture que nous produisons soit gaspillée ou perdue à cause de pratiques inadéquates, lorsque 870 millions d'êtres humains sont affamés chaque jour », s'est-il indigné.
Ce gaspillage « effarant » porte aussi « un grave préjudice à l'environnement », note la FAO. A titre d'exemple, « chaque année, la nourriture produite sans être consommée engloutit un volume d'eau équivalant au débit annuel de la Volga en Russie et est responsable du rejet dans l'atmosphère de 3,3 milliards de tonnes de gaz à effet de serre ».
Dans la seule « Asie industrialisée », région qui comprend la Chine, le Japon et la Corée du Sud, près de 200 kg de légumes et céréales par habitant sont gaspillés chaque année en moyenne et la perte de produits alimentaires se produit tout au long de la chaîne.
A l'échelle mondiale, 54 % du gaspillage alimentaire se situe « en amont », c'est-à-dire pendant les phases de production, de manutention et de stockage et 46 % « en aval », lors de la transformation, la distribution et la consommation.
« Les pays en développement sont plus touchés par les pertes alimentaires durant la production agricole ; en revanche, les régions à revenus moyens et élevés connaissent davantage de gaspillage au niveau de la vente au détail et des consommateurs », relève la FAO.
Achim Steiner, directeur du Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE), a qualifié de « phénomène stupéfiant » le gaspillage de nourriture dont les coûts sur l'environnement seront supportés « par nos enfants et petits-enfants ».
Selon le rapport, les coûts économiques directs du gaspillage de produits agricoles, en excluant les poissons et les fruits de mer, représentent environ 750 milliards de dollars chaque année dans le monde (en se basant sur les prix à la production), soit le PIB annuel de la Suisse...
Les autres secteurs ayant un impact environnemental négatif sont l'industrie de la viande en Amérique du Nord et latine, ou le gaspillage de fruits en Asie, Europe et Amérique latine. « La réduction du gaspillage de nourriture pourrait non seulement alléger la pression sur des ressources naturelles limitées mais aussi réduire le besoin d'augmenter la production alimentaire » pour nourrir une population mondiale croissante, estime le rapport.
« La priorité absolue » est la prévention des pertes et gaspillages mais, en cas d'excédents alimentaires, la FAO préconise notamment leur réutilisation, par exemple par des dons aux personnes démunies ou s'ils sont impropres à la consommation humaine, l'alimentation animale. Ou encore le compostage, la nourriture qui pourrit dans les décharges étant un gros producteur de méthane, gaz à effet de serre très nocif.
Parmi les bonnes pratiques déjà en vigueur, la FAO cite de nouveaux sacs en plastique utilisés aux Philippines pour protéger le riz des rongeurs, de l'air et de l'humidité, un nouveau système d'emballage en Grande-Bretagne permettant de maintenir les fruits et légumes frais plus longtemps et une chaîne de magasins en Espagne qui vend au détail des céréales ou fruits secs en quantité voulue par le client, évitant l'achat de quantités superflues qui risquent d'être jetées plus tard.