Tout le monde s'accorde plus ou moins sur les défis à relever, mais plus difficilement sur les moyens. C'est l'un des constats qui ressort du débat organisé mardi à Paris par le Forum for Agriculture, un lieu d'échanges porté par ELO (European Landowners Organization) et Syngenta.
Une demande alimentaire croissante, la raréfaction des ressources (terres, eau et énergie), la nouvelle donne que constitue le changement climatique, la volatilité croissante des prix, ou encore la nécessité de maintenir des territoires vivants...
Les défis sont multiples, unanimement reconnus, mais « où retrouve-t-on ces enjeux dans la proposition de la Commission européenne sur la réforme de la Pac ? », interroge George Lyon. Qualifiant les mesures de verdissement de « vitrine », et critiquant les 7 % de surfaces en éléments topographiques imposés alors que la demande alimentaire croît, ce membre du Parlement européen est sceptique. « Je ne vois vraiment pas comment les différentes parties du puzzle peuvent s'assembler. »
L'agriculture est attendue sur tous ces sujets, a fait remarquer la vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. Ce qui est « une bonne chose », mais qui peut donner aux agriculteurs l'impression d'être surveillés... et parfois aussi, de devoir répondre à des objectifs contraires. Or, « on ne peut pas demander à la Pac de résoudre tous les problèmes », a-t-elle insisté, soulignant que de nombreuses autres réglementations sont prévues (directive eau, directive sols, directive oiseaux, etc.)
En attendant, le budget proposé pour la Pac, s'il reste stable en nominal, est « le moins bien traité des budgets communautaires », remarque Guilhem Brun, du ministère de l'Agriculture. Pour Denis Tardit, directeur général de Syngenta, « on est tous d'accord pour dire qu'il faut produire plus et mieux, mais est-ce qu'on s'en donne les moyens ? »
Alors que la France est passée du premier au troisième rang européen pour ses exportations agroalimentaires, tous les participants au Forum s'accordent au moins sur un facteur de cette baisse de compétitivité : le manque d'investissement. Notamment dans la recherche (qui comprend aussi bien l'innovation aux champs que le transfert de connaissances et l'éducation).
A l'instar du Forum for Agriculture, lieu d'échange entre des intervenants venus d'horizons très divers, c'est un dialogue entre agriculteurs, décideurs politiques et société civile que préconise, entre autres, l'ancien commissaire à l'Agriculture Franz Fischler. Une nécessité pour arriver à convaincre les Etats de réinvestir massivement, et sur le long terme, dans l'agriculture.