Les agriculteurs bio ont manifesté mardi à travers la France pour réclamer des garanties sur l'avenir de leurs aides, même si le gouvernement a finalement décidé de ne pas amputer les sommes versées au titre de 2014. (Voir la VIDEO de la mobilisation parisienne)
« Les producteurs bio en ont gros sur la patate », « nous ne sommes pas là pour faire bio », banderoles noires dans les cortèges : de Nantes à Besançon en passant par Clermont-Ferrand, quelques centaines d'agriculteurs bio, qui manifestent rarement, se sont mobilisés, parfois avec leurs tracteurs.
Plusieurs centaines de manifestants dans l'Ouest
L'Ouest a rassemblé le plus gros des manifestations, avec 200 à 350 agriculteurs à Nantes et quelques centaines à Rennes, où une vingtaine de tracteurs ont bloqué la préfecture de la Bretagne. Une centaine de personnes se sont retrouvées devant la préfecture de l'Ile-de-France, ainsi qu'à Clermont-Ferrand ; 150 en Normandie; environ 80 à Bayonne et à Besançon.
Des actions étaient prévues dans 17 Régions, selon la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab), qui appelait les producteurs à protester contre la réduction de 25 % des aides de 2014 au maintien de l'agriculture bio. Les aides à la conversion n'étaient pas concernées.
Alors que le gouvernement veut doubler les surfaces bio d'ici à 2017, la Fnab dénonçait un signal « incohérent ».
La coupe budgétaire s'expliquait par des demandes d'aides supérieures au budget disponible, avait expliqué la semaine dernière le ministère de l'Agriculture : 117 millions contre 103 millions alloués au titre du premier pilier de la Pac.
Les 14 millions manquants versés au cours de l'été
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a finalement annoncé la mobilisation de « moyens complémentaires » correspondant exactement à la somme manquante, soit 14 millions d'euros qui seront versés « dans le courant de l'été ».
Il s'agit d'« envoyer un message de confiance à la filière en garantissant le niveau d'aide prévu », explique le ministre, cité dans le communiqué ministériel.
L'annonce a été accueillie comme « la juste réparation d'une décision inappropriée », mais « il reste des inquiétudes sur la pérennité de ces aides », d'où le maintien de la mobilisation, a expliqué à l'AFP Stéphanie Pageot, la présidente de la Fnab.
« On est maintenant dans une demande de garantie sur l'avenir »
« On est maintenant dans une demande de garantie sur l'avenir, même si nous sommes ravis que le ministère soit revenu sur sa décision », estime pour sa part Angélique Piteau, porte-parole du groupement des agriculteurs bio de l'Ile-de-France.
Car « dans les cinq ans à venir, les Régions vont gérer les fonds européens, et nous sommes convaincus que les enveloppes attribuées sont insuffisantes par rapport à nos ambitions [...] alors que demain l'agriculture majoritaire sera biologique », a souligné Philippe Caillaud, du Groupement des agriculteurs bio de la Loire-Atlantique, premier département français en surfaces bio, avec 41.000 hectares, soit 10 % de terres cultivées.
Reconnaissance des services environnementaux
La Coordination agrobiologique des Pays de la Loire (CAB) réclame notamment « la mobilisation de 230 millions d'euros dès 2015 » pour réussir cet objectif.
Les producteurs rappellent aussi que les aides « servent à reconnaître les services environnementaux et sociaux de l'agriculture biologique : protection de l'eau, de l'air, des sols, de la biodiversité, ainsi que la création d'emplois », explique Mme Pageot.
Du côté de la FNSEA, le président Xavier Beulin s'est dit mardi « solidaire » des producteurs bio et « vigilant » sur ce type de coupes budgétaires.
La présidente de la Fnab doit être reçue mercredi matin par le directeur de cabinet de Stéphane Le Foll.
Le ministère s'est fixé un objectif de 180 millions d'euros d'aides annuelles à la bio d'ici à 2020, contre 90 en 2012.
La France compte 5,5 % de ses surfaces agricoles et 1,1 million d'hectares cultivés en bio. Elle a dépassé l'Allemagne et compte la troisième surface bio d'Europe, derrière l'Espagne et l'Italie.