« Depuis 2001, 227 millions d'hectares ont été vendus, loués ou concédés dans le cadre de transactions foncières à grande échelle [plus de 200 ha] et, dans la majorité des cas, par des investisseurs internationaux », affirme l'ONG Oxfam dans son nouveau rapport « Terres et pouvoirs » rendu public jeudi.
Parmi ces transactions, une partie « non négligeable » serait « des accaparements de terres qui bafouent les droits et les besoins des populations locales concernées », estime l'ONG, citant l'exemple de l'Ouganda où « 22.500 personnes ont ainsi perdu leur toit et leurs terres pour faire place à une compagnie forestière britannique, la New Forests Company ».
Jean-Cyril Dagorn, d'Oxfam France, estime que la concurrence sur les terres agricoles qui atteint aujourd'hui des sommets aggrave le sort de nombreuses populations pauvres sur la planète.
« L'arrêt des accaparements de terres doit être une priorité pour les gouvernements, les organisations internationales et les investisseurs, plaide-t-il. Les réglementations actuelles doivent garantir la consultation et le traitement équitable des populations locales, le respect des normes internationales applicables dans le cadre des négociations foncières des investisseurs. »
Oxfam demande à la communauté internationale « d'adopter au plus vite des standards internationaux contraignants sur la gestion des ressources naturelles ». L'ONG espère que la réunion du Comité de la sécurité alimentaire (CSA) de l'ONU, le mois prochain à Rome, sera l'occasion d'avancer dans ce sens.
Elle réclame également « l'abandon des objectifs de production et de consommation d'agrocarburants, notamment l'objectif de l'Union européenne de parvenir à 10 % d'énergies renouvelables dans le secteur du transport d'ici à 2020 ».
Oxfam demande également aux ministres du Développement et des Finances du G20, qui se réunissent à Washington le 23 septembre 2011, de « condamner les accaparements de terres, décréter un moratoire sur les investissements à grande échelle dans le foncier pour stopper l'hémorragie, rejeter les trop faibles “principes pour un Investissement Responsable en Agriculture”, initiés par le Banque mondiale, et soutenir le travail mené au CSA ».
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