Un musée de la guerre à ciel ouvert

Ils s'appellent Maxime, Philippe, Jacky, Roger... Ils sont étudiant, professeur, cadre, artisan, retraité... et ont pour point commun la passion de l'histoire, spécialement celle de leur région.

Chaque samedi, ils se retrouvent, pelle, pioche et marteau à la main, pour travailler à la restauration d'un camp de repos allemand.

Situé dans les pentes abruptes de la forêt d'Argonne, en retrait des positions de combat, le camp de la vallée Moreau a été construit et occupé par les troupes allemandes de 1915 à 1918.

« Nous nous plaisons à redonner vie à ce site, à faire ressurgir un passé que l'Argonne se doit de conserver comme un élément important de son patrimoine », explique Roger Berdold, qui préside le comité franco-allemand de sauvegarde et de restauration des sites de guerre.

Cette association s'est donné pour mission de sauver les vestiges de la Grande Guerre et de les montrer. La douzaine de bénévoles, aidés ponctuellement par des lycéens allemands de Thale et par un groupe de jeunes Rémois, œuvre depuis plus de dix ans. Il a fallu déblayer les galeries souterraines et les abris, reconstruire les cabanes, avec les techniques et les matériaux de l'époque, recréer une tranchée, rebâtir le lavoir et le kiosque à musique, remettre en état les latrines et les installations de douche....

Désormais, le site est ouvert au public. L'association propose des visites guidées aux particuliers et aux groupes scolaires et de touristes. « Nous tenons à montrer la réalité de l'époque, faire en sorte que les gens qui viennent visiter le camp puissent ressentir ce que vivaient les soldats », précise Roger Berdold.

Et le succès est au rendez-vous. Plus d'un millier de visiteurs viennent ainsi chaque année revivre, grâce aux explications du guide, le quotidien de ces soldats dans ce camp retranché qui pouvait accueillir jusqu'à six cents soldats...

Les travaux ne sont pas pour autant achevés. Il reste encore beaucoup à faire pour cette bande de copains. Le projet le plus immédiat est de reconstruire les cabanes devant les abris. Par ailleurs, à quelques kilomètres de là, le comité conduit un autre chantier : la restauration d'une chapelle des poilus à Saint-Thomas-en-Argonne, créée par le 132^e régiment d'infanterie territoriale (RIT) de Montauban. « Malheureusement, nous ne pouvons pas faire tout ce que voudrions. Nous manquons de moyens financiers et de main-d'œuvre », regrette Roger Berdold. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.

par Jean-Alix Jodier

(publié le 12 novembre 2010)