vendredi 28 janvier 2011 - 15h57
De jeunes délinquants prennent un nouveau départ à la campagne, chez Jean-François et Isabelle.
« Au début, j'avais peur de tomber chez des péquenots », témoigne Martin (1). De la cité à la campagne, telle est la trajectoire que la Protection judiciaire de la jeunesse propose à certains mineurs délinquants.
« Le placement en famille d'accueil fait partie des possibilités offertes aux adolescents, explique Younes Fatih, éducateur au foyer d'action éducative de Clermont-Ferrand. Le temps d'un week-end, pour souffler, ou pour des périodes plus longues. La famille est indemnisée 27 euros par nuit passée. »
Arrivé « pour un séjour de rupture de quinze jours » chez Jean-François et Isabelle, Martin a souhaité y rester. « En trois ans d'accueil, on n'est allé au clash qu'avec un seul jeune, constate Jean-François. Le foyer l'a repris en urgence... »
Pour tous les autres, l'adaptation dans cette famille d'agriculteurs de l'Auvergne qui compte encore deux enfants vivant au foyer ainsi que la grand-mère, Fernande, s'est effectuée en douceur.
« Les ados arrivent avec leurs habitudes, leur manière de parler, que l'on accepte, commente Isabelle. Chez nous, les seules règles absolues sont la non-violence et le respect. »
Des repères familiaux
Au départ, Martin craignait de s'ennuyer. « Après 23 heures, t'es au lit, tu dors, y'a rien à traîner à la campagne », constate-t-il, toujours avec humour. Mais il y a découvert des bonheurs qui ont pour noms « liberté, espace, contact avec les animaux... », ainsi que la possibilité de s'y refaire une nouvelle vie.
« Si je rentre à la cité, affirme-t-il, je suis grillé. Même si je ne les avertis pas, mes potes savent que je suis revenu. » Un univers où on a du mal à résister à l'argent facile de la drogue...
« Parmi les adolescents que nous avons accueillis, certains ne prenaient jamais de repas avec leurs parents, commente le couple. Chez nous, ils se calquent naturellement sur notre rythme. Ils changent d'eux-mêmes, dans la durée. »
« Ici, les loisirs, ce sont les vaches ! », plaisante Martin. « Le goût de l'effort, ça s'apprend », rétorque l'agriculteur en souriant.
Ainsi, Martin a accepté de revenir au collège. Retour à une vie de famille ordinaire, avec des repères, qui semble bien souvent convenir à ces jeunes. Ils ont par exemple remis à Fernande « Le diplôme de la mamie à tout le monde ». Et ils ont baptisé « Plat du jour » un veau né à Noël !
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(*) Le prénom a été modifié.
Partenariat avec des agriculteurs Depuis juin 2009, la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a signé un protocole d'accord en cours d'expérimentation avec trois réseaux agricoles qui mettent en œuvre un accueil à dimension sociale. Il s'agit des centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (www.civam.org), de l'Accueil paysan (www.accueil-paysan.com) et du Groupement international des fermes d'animations éducatives (Gifaé). Pour d'autres contacts, adressez-vous à l'une des neuf directions interrégionales de la PJJ (tapez www.justice.gouv.fr, allez à « Justice des mineurs », en bas de page, puis à « Annuaire et contacts »). |
par Chantal Béraud
(publié le 28 janvier 2010)
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