vendredi 26 février 2010 - 14h47
Depuis le séisme du 12 janvier, Isabelle et Oscar Coupey, parents adoptifs du petit Victor, né en Haïti, ont vu leur quotidien bouleversé.
A Port-au-Prince, la centaine d'enfants recueillis dans les trois crèches de la fondation Don d'amour sont sains et saufs, mais les bâtiments sont inutilisables et dangereux. C'est là qu'en 2003, Isabelle et Oscar Coupey ont adopté Victor, arrivé à La Romieu (Gers) à l'âge de 1 an.
Alors, depuis la catastrophe, Oscar consacre tout son temps à l'association Haïti moun et délaisserait presque son exploitation de 240 ha : « Mes 50 ha de pruniers attendront, pour l'instant j'ai d'autres priorités ! »
Cet engagement peut surprendre au vu de ses nombreuses responsabilités, mais il s'explique par le lien d'amour et de solidarité tissé entre les parents adoptants, le personnel des crèches et l'ensemble des orphelins.
Isabelle raconte leurs deux années de procédures, un parcours d'adoption empreint d'humanité grâce à la personnalité de Gina Clodomir, responsable de Don d'amour et fille de la fondatrice.
« Après quatre enfants naturels, on me déconseillait une nouvelle grossesse, confie Isabelle. Sans hésiter, nous avons démarré les démarches d'adoption en 2002. »
Le couple s'aperçoit que le choix de pays est restreint pour les parents ayant déjà des enfants naturels, d'autant qu'ils souhaitent « sauver un enfant venant d'un pays réellement dans la misère ». Essuyant une vingtaine de refus en un an, Isabelle et Oscar s'apprêtent à renoncer à leur projet.
Mais lors d'un pique-nique organisé par l'association EFA (1), une lueur d'espoir renaît. « Une famille nous parle de l'orphelinat de Gina et du sérieux de sa fondation : le soir-même, je l'ai appelée ! » relate Isabelle.
Ils rencontrent Gina, qui vient en France chaque année et réunit les anciennes et futures familles d'adoption. L'occasion de prendre de belles photos, indispensables pour son travail pédagogique auprès de la population haïtienne, souvent persuadée que les enfants adoptés sont destinés au trafic d'organes ou à l'esclavage.
« Avec cette démarche, Gina réussit peu à peu à créer du lien. Sa fondation n'a jamais connu d'échecs dans les adoptions », souligne Isabelle.
Tout reconstruire
Les parents de Victor s'investissent vite dans l'association Haïti moun, créée en 2004 par des Gersois ayant adopté là-bas.
« Avant le séisme, nos actions consistaient surtout à accueillir Gina en France, renseigner les futurs adoptants, envoyer du matériel scolaire ou médical, explique Oscar. Mais depuis un mois, la priorité est le relogement des enfants, qui dorment dans le jardin de Gina. D'autant que les orphelins continuent d'affluer, car elle a bonne réputation. »
D'ailleurs, les deux tiers des enfants rapatriés en France par le premier avion le 19 janvier venaient de cette fondation. Mais Gina a stoppé net toute velléité d'adoption lors d'un récent reportage d'« Envoyé spécial » : « Les trente-trois enfants qui sont partis avaient été adoptés avant le séisme. Je ne veux plus de nouveaux dossiers d'adoption. Le plus urgent est de sauver les enfants. »
Alors Oscar met tout son talent d'entrepreneur au service d'un projet de reconstruction d'envergure.
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(1) EFA : Enfance famille adoption, association nationale de référence pour l'adoption.
Aide d'urgence Faire un don Don d'amour est une fondation ancienne et renommée, dont la directrice, Gina Clodomir, travaille en collaboration étroite avec les ambassades. En France, trois associations œuvrent pour Don d'amour : Haïti moun (sud de la France), Haïti-Cœur (Rhône-Alpes et Est), Don d'amour et d'espoir (nord de la France). Un reçu fiscal est adressé pour tout don. Renseignements sur www.dondamour.org
Projets concrets Oscar Coupey et les bénévoles de ces trois associations se donnent un an pour réunir les fonds nécessaires au projet : aide d'urgence pour la nourriture, achat d'un terrain, construction de trois crèches de cinquante lits aux normes antisismiques et autonomes en énergie, d'un dispensaire et d'une Maison des bénévoles, création d'une exploitation agricole-centre d'apprentissage (des fruits et légumes sur un hectare pour les besoins de l'orphelinat et pour la vente). |
par Marie-Laëtitia Melliand
(publié le 26 février 2010)
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