vendredi 05 mars 2010 - 16h14
La commune de Tramayes économise l'énergie et favorise la biodiversité, en optimisant l'utilisation de l'éclairage public.
Depuis octobre 2008, les 172 lampadaires de Tramayes, en Saône-et-Loire, sont éteints entre minuit et 5 heures du matin par décision du conseil municipal.
« Ni vols ni vandalisme supplémentaires n'ont été constatés, et il n'y a eu aucun dépôt de plainte, explique Michel Maya, maire de cette commune de 950 habitants. Des gens sont même fiers d'être dans une commune pionnière en matière d'extinction de l'éclairage public. D'autres élus du pays sud Bourgogne m'invitent d'ailleurs à venir témoigner de cette expérience. »
Cette démarche, mûrement réfléchie, est soutenue par l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN). Son délégué, Didier Lavandier, explique : « La Terre compte 75 % d'espèces nocturnes, dont l'équilibre est mis en danger par l'abus d'éclairage artificiel. C'est par exemple la seconde source d'extinction des insectes. »
S'il n'est nullement question de plonger la France dans le noir, un débat est désormais engagé pour savoir comment éclairer « juste ».
L'éclairage public est le premier poste de consommation électrique des communes. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, il serait possible d'économiser entre 35 et 50 % d'électricité à confort d'éclairage égal, avec du matériel, des horaires, un usage et un entretien plus adéquats…
C'est en étudiant ses factures d'électricité que Michel Maya a constaté des disparités de durées d'éclairage, variant entre dix et quatorze heures. « Nos cellules photoélectriques de commande s'étaient déréglées. Un arbre pousse et fait de l'ombre : elles se déclenchent plus tôt. »
Le premier magistrat équipe alors ses sept armoires de commande d'une horloge astronomique. « Elles sont automatiquement calées sur le lever et le coucher du soleil, en fonction de la longitude et de la latitude de la commune », précise-t-il.
Grâce au réglage sur dix heures et à la coupure entre minuit et 5 heures du matin, la mairie a économisé 35 000 KWh annuels, de la consommation antérieure. La prochaine étape sera l'achat de lampadaires plus efficaces.
En France, 30 % des 9 millions de sources lumineuses sont encore des lampes à vapeur de mercure vétustes, non recyclables. Quant aux nombreux luminaires boules, ils éclairent davantage le ciel que la chaussée !
Reste la question de l'intensité lumineuse à déployer, qui fait toujours débat. « Il est possible d'éclairer davantage en consommant moins, se désole Didier Lavandier. Sachant qu'une nuit de pleine lune correspond à un éclairage sous mât d'une valeur de 0,2 lux (1), l'ANPCEN préconise un niveau de 12 lux, avec des chemins piétonniers à 5 lux. »
« La norme européenne EN13201 préconise une intensité allant de 5 à 20 lux, selon les voies », précise Vincent Marchaut, animateur du groupe d'éclairage public au sein de l'Association des ingénieurs territoriaux de France. Le 26 mars prochain, il participera à Nantes à une journée de travail où il sera débattu des coupures volontaires.
Actuellement, le code des collectivités territoriales contraint le maire à veiller au bon fonctionnement de son éclairage public. Mais il n'a pas d'obligation d'éclairer de manière absolue ou permanente.
« Cependant, remarque Vincent Marchaut, on ne sait pas dans quel sens un juge trancherait si un automobiliste poursuivait une mairie en arguant qu'il a eu un accident parce que l'éclairage public était éteint. »
Il n'existe aucune jurisprudence en la matière, alors que cette coupure est déjà pratiquée depuis plusieurs années par de petites communes rurales. Auxquelles l'on doit assurément reconnaître du courage politique, que l'on soit ou non d'accord avec leur pratique…
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(1) Unité de mesure d'éclairement lumineux.
par Chantal Béraud
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