Les Cévennes à pied et à dos d’âne

Accompagné de son ânesse Modestine, Robert Louis Stevenson partit à pied de la Haute-Loire à vingt-huit ans pour oublier un chagrin d'amour.

Douze jours, 220 kilomètres et de nombreuses aventures plus tard, l'écrivain arrive à Saint-Jean-du-Gard.

Un an plus tard, en 1879, il publie Voyage avec un âne dans les Cévennes, son carnet de route.

Son itinéraire, devenu depuis le chemin de Stevenson (ou GR 70), traverse tour à tour les plateaux volcaniques du Velay, ceux du Gévaudan, le mont Lozère et ses chaos granitiques, avant de plonger vers les Cévennes bleutées...

« Randonner avec un âne, on ne peut plus s'en passer ! Et le GR 70 est parfait pour cela, témoignent Martine et Eric, parents de trois enfants. Entre deux et six ans, on les met sur le dos de l'âne. Et quand il y a un âne à leurs côtés, les autres enfants avancent ! »

L'animal marche au pas de l'homme et peut porter jusqu'à 60 kg. Contrairement aux idées reçues, « l'âne n'est pas têtu, il est malin et réfléchi. Il faut juste lui montrer qui est le chef ! », affirme un loueur.

Plus de 6.000 randonneurs itinérants parcourent le GR 70 chaque année. Et s'il est aussi fréquenté aujourd'hui, c'est grâce à l'association Sur le chemin de Stevenson, crée en 1994.

« Nos objectifs sont la promotion de l'itinéraire, l'appui aux randonneurs dans la préparation de leur aventure et la mise en réseau de tous les professionnels qui interviennent sur et autour du chemin », explique l'association.

Une centaine d'hébergeurs, de restaurateurs, de loueurs d'ânes, d'organisateurs de séjours, de transporteurs de bagages et d'intervenants culturels sont identifiés comme des « relais Stevenson ».

Ces actions fédératrices portent leurs fruits : « 80 % des randonneurs ne seraient pas venus en séjour dans la région sans le chemin de Stevenson. Les retombées économiques pour le territoire atteignent 3 millions d'euros pour quelque 60.000 nuitées. »

L'association se mobilise aussi pour faire vivre le chemin. Elle participe à la mise en valeur du patrimoine des territoires traversés, coordonne les « maisons Stevenson », lieux consacrés à l'écrivain. Elle soutient des évènements culturels, mélange d'animations littéraires et de randonnée. Son engagement a été récompensé par le Trophée du tourisme responsable 2010.

Prochaine étape : l'obtention de la mention « Itinéraire culturel européen », délivrée par le Conseil de l'Europe. Avec d'autres partenaires européens, l'association va construire un itinéraire basé sur le personnage, son œuvre, ses cheminements.

Marie Enora

(publié le 10 février 2012)