vendredi 17 février 2012 - 14h00
Arrivée de Maurice en 1990, Vadee, chef d'exploitation, fête ses vingt et un ans de mariage avec Fernand.
« Quel étrange pays, sans feuilles sur les arbres ni fleurs au bord des routes ! », pense Vadee lors du trajet en train qui la mène de Paris, où elle vient d'atterrir, à la gare d'Uzerche, en décembre 1990.
Passer de l'été mauricien à l'hiver limousin, sans y être vraiment préparée, le choc est rude. Quelques jours après, elle découvre la grêle. « J'ai d'abord cru que c'était du gros sel jusqu'à ce que je la prenne dans mes mains ! » plaisante-t-elle aujourd'hui.
Fernand vivra le choc inverse en se rendant trois ans plus tard dans le pays de son épouse, avec ses oiseaux fabuleux, ses odeurs si différentes de celles de la campagne française, ses femmes en sari...
Fernand élève des bovins depuis 1974 à Saint-Martin-Sepert, commune corrézienne d'à peine trois cents âmes. La vie de célibataire ne le comblait pas. « Pas facile de sortir avec des filles lorsqu'on est paysan », avoue-t-il.
Et puis il fait la connaissance de Vadee par l'intermédiaire de la femme mauricienne d'un ami, rencontrée, elle, grâce à une petite annonce.
Conseillère municipale
« Nous n'avons jamais subi la moindre allusion raciste, ni dans la commune, ni aux alentours, se félicite le couple. Notre fils, Jérémy, qui passe son bac cette année, non plus. »
Pendant un temps, une association des Mauriciens de Corrèze et de Dordogne se réunissait lors de fabuleux repas.
Depuis, Vadee fréquente une quinzaine d'amies originaires de son pays de naissance. Des liens se tissent aussi avec d'autres couples mixtes, d'autant que Fernand a le contact facile.
L'échange culturel a parfaitement fonctionné : Vadee comprend maintenant le patois et Fernand, doué pour les langues, s'amuse à parler le créole.
Si elle maîtrise la cuisine française, elle aime toujours élaborer des plats typiques de son île de l'océan Indien, mais a la main légère avec les épices et le piment, pour préserver les estomacs corréziens peu habitués aux nourritures relevées !
Quand Fernand a pris sa retraite, en 2007, Vadee est devenue exploitante. Elle travaille toujours à mi-temps dans un centre médico-social, à une dizaine de kilomètres de la ferme.
En 2008, le berger du village a persuadé Vadee de se présenter aux élections municipales. Elle siège depuis au conseil, avec bonheur. Leur rêve, pouvoir enfin faire découvrir ensemble l'île Maurice à Jérémy.
Une de ses spécialités, les samoussas
Vadee sert à l'apéritif ces beignets d'origine indienne. Vous trouverez des feuilles carrées de pâte à samoussa dans les magasins chinois (à défaut utiliser des feuilles de brick). Coupez-les en trois bandes égales.
Pour la farce, faites revenir, une heure environ, du thon, des pommes de terre, des oignons, du curry.
En fin de cuisson, ajoutez des feuilles de coriandre. Ecrasez bien le tout. Répartissez sur les lanières puis pliez-les en triangle.
Faites frire ces beignets dans de l'huile de tournesol. Vous pouvez remplacer le thon par des crevettes ou de la viande hachée.
Raphaëlle Saint-Pierre
(publié le 17 février 2012)
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