La capitale mondiale des épouvantails

Béville-le-Comte (Eure-et-Loir), compte 592 boîtes à lettres, cinq agriculteurs et, depuis une vingtaine d'années, de nombreux épouvantails. Leur première fête a eu lieu en mai 1990. Les habitants en avaient confectionné trois cents. L'année suivante, les Jeunes Agriculteurs euréliens créaient « Blé haut », géant de 37,2 m de haut, chaussé de bennes. Proclamé le plus grand épouvantail du monde, il est toujours adossé au silo de la coopérative (SCAEL).

Autre défi lancé cette année-là par JA : relier Béville à Chartres avec une chaîne d'épouvantails distants de 100 m sur 18 km, confectionnés par eux-mêmes. 180 épouvantails ont ainsi balisé la Beauce. « Nous voulions redonner au monde rural le sens de la fête », se souvient Eric Thirouin, leur président d'alors, ravi d'avoir attiré plus de 7 000 visiteurs.

En 2007, la commune décide de rebaptiser son jardin « Parc de l'épouvantail ». Elle sollicite des artistes par concours, selon un cahier des charges bien précis. L'inauguration du parc donnera lieu à une grande fête, à laquelle s'est associée Güglingen, la localité allemande jumelée avec la communauté de communes. Cette manifestation relance la créativité et dope l'imagination des habitants qui confectionnent toutes sortes d'épouvantails ! Elle éveillera l'intérêt de 3 000 curieux, parfois venus de loin. Les épouvantails primés vont ensuite trôner à vie dans le parc : à mi-chemin entre statues et nains de jardins, ils inspirent curiosité de visiteurs et fierté des Bévillois ! Ils voisinent avec les épouvantails ancrés dans les jardins privés ou sur les toits, en guise de girouette.

Référencée capitale mondiale de l'épouvantail, Béville-le-Comte prépare, comme tous les deux ans, une nouvelle fête à caractère international.

Cette fois, le thème est la noce villageoise. La mariée, épouvantail officiel de la commune, devra choisir son époux parmi tous les prétendants de Béville et d'ailleurs.

Alors, chacun prépare en secret l'éventuel heureux élu… Y compris Sébastien Bouvet, membre de l'Association Béville collectif (ABC), organisatrice de cette journée festive. Agent de sécurité à Chartres, il est chargé de la communication. « Quatre capitales européennes de l'épouvantail ont répondu favorablement à l'invitation. Sans oublier Güglingen, toujours fidèle, confiait-il deux mois avant l'évènement. Nous espérons accueillir au moins 3 000 personnes et prévoyons des attractions autour de cette noce, notamment une exposition d'artisanat d'art et de spécialités gastronomiques. »

Préparer un tel événement demande du temps et des moyens. Humains d'abord : les habitants qui ont rejoint l'association ABC s'investissent activement dans son organisation. « Un lien se tisse entre les bénévoles, chacun à sa mesure contribue à dynamiser la commune, note Nicole Lucas, adjointe au maire. Initiée au départ par les agriculteurs, cette animation fédère aujourd'hui les habitants quelle que soit leur profession. »

Parmi les partenaires qui soutiennent l'opération se retrouvent des intervenants locaux, comme la commune ou l'association « Route du blé en Beauce », mais aussi l'Union européenne. « Pour le jour J, chacun met à disposition ce dont il dispose : une cour de ferme pour servir de point de restauration ou ses bras et son énergie pour monter les tréteaux », complète Eric Pointeau, président d'ABC. A l'heure des derniers préparatifs, un autre épouvantail de la commune, qui a pris racine sur le château d'eau, signale qu'en ce coin de Beauce, l'épouvantail est roi.

(Publié le 21 mai 2010)

par Christine Fougeron