vendredi 14 juin 2013 - 15h57
Pierre Croton est parti un mois en Palestine, accompagné d'un caméraman, filmer le quotidien des paysans.
Il est remonté, Pierre Cotron. « Je ne supporte pas les inégalités, les injustices. J'aime que les choses bougent. »
De Sainte-Gemme-la Plaine, dans le sud de la Vendée, où il vit, il voit « ces reportages à la télé montrant ces paysans palestiniens qui ne peuvent pas exercer librement leur travail. Toujours contrôlés par l'armée israélienne, toujours obligés de se justifier, de prouver qui ils sont ».
Il s'emporte : « Franchement, je n'ai pas l'impression d'avoir exercé le même métier ! »
Pierre Cotron aussi a été agriculteur, pendant trente ans. Son exploitation de polyculture-élevage s'étendait sur 90 hectares en bordure du marais poitevin.
« Une belle réussite », dont il pourrait profiter maintenant qu'il est en retraite. Mais non. Il a décidé de changer de champ de bataille. De ses parcelles de blé en Vendée, il est passé aux oliveraies de Palestine.
Il y a quelques semaines, il est parti sur place, sur les bords du Jourdain, avec Michel Fourré, un caméraman de l'association Paroles et regards, basée elle aussi en Vendée, qui a pour objectif de rassembler les peuples du monde.
« On fouille leurs véhicules »
Les deux hommes ont tout vu, tout filmé. Les images sont belles quand elles montrent ces oliviers à perte de vue, ces arbres au tronc noueux. Elles sont poignantes, émouvantes quand elles montrent ces paysans qui continuent à produire de l'huile, malgré les difficultés imposées par les Israéliens.
« Les Palestiniens travaillent en permanence sous la menace. Autour d'eux, il y a des militaires, tout le temps, partout. On fouille leurs véhicules, on contrôle leurs outils de travail, leurs échelles, leurs fourches… Et je ne parle même pas des tracasseries quotidiennes pour franchir le mur, des violences, de la répression, des manifestations… »
Dans le documentaire Un paysan vendéen en Palestine, Pierre Cotron est le personnage principal. On le suit à travers ses déambulations. « J'ai voulu montrer une réalité méconnue. Il y a de l'émotion, de la colère, mais des sourires aussi parfois. »
Pierre Croton se dit « fier » de son travail sur ces paysans qui n'aspirent qu'à « vivre de l'agriculture en paix sur leurs terres. Si cela peut servir à faire avancer les choses… » Il envisage déjà un deuxième film, sur les paysans des Andes cette fois.
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Le DVD « Un paysan vendéen en Palestine, la solidarité paysanne n'a pas de frontières » est en vente auprès de l'association Paroles & regards. Contact : 02.51.34.67.14. Prix : 20 euros.
L'huile d'olive coule quand même
L'huile d'olive n'est pas seulement un apport économique. « L'olivier est le symbole de la survie du peuple palestinien », explique Pierre Cotron. Leurs champs couvrent près de la moitié des terres agricoles palestiniennes, à côté du blé, de la pomme de terre, de la vigne et des fruits exotiques. La récolte des olives est manuelle, en raison du relief. Les 8 millions d'oliviers produisent entre 6 000 et 35 000 t d'huile, selon les conditions météo. Si cette production fait vivre 80 000 familles, elle ne représente que 14 % du revenu agricole des Territoires palestiniens occupés (chiffres des Nations unies).
Raphaël Godet
(publié le 14 juin 2013)
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