Du commerce international à la boulangerie de village

Dans la Marne, Val-de-Vesle peut compter sur sa boulangerie-pâtisserie multi-service flambant neuve : elle ajoutera à l'animation de la place centrale, qui compte déjà l'école primaire et le foyer rural. Une idée de Cyril Huart, un enfant du pays, rendue possible grâce au soutien de la communauté de communes. Pourtant, rien ne le destinait à la boulangerie.

« Après des études de commerce international, j'ai découvert le métier de boulanger aux Etats-Unis, raconte-t-il. J'ai repris des études de boulanger avec l'objectif de m'installer. Val-de-Vesle commençait à s'agrandir, d'où l'idée de présenter mon projet aux élus du village. » Un projet qui tombe à pic pour le maire, Jean-Claude Collinet. Val-de-Vesle a perdu son dernier commerce en 2006. Le village de 780 habitants compte pourtant un camping municipal ouvert d'avril à octobre, un restaurant, des chambres d'hôtes et un gîte rural. Pour le pain, la population n'avait d'autre choix que de compter sur la boulangerie ambulante ou de parcourir dix kilomètres.

La communauté de communes y trouve également un intérêt pour ses 1 850 habitants. Elle engage alors 460 000 euros, dont 300 000 euros d'aides publiques pour construire le bâtiment et acheter un four à bois. Cyril Huart, locataire des lieux, investit 195 000 euros pour l'intérieur du magasin et le matériel.La boulangerie « Au Fournil de Cyril » a ouvert en novembre dernier et une vendeuse et un pâtissier ont été embauchés.

"Aujourd'hui, je produis quatre cents à six cents baguettes par jour, notamment une baguette campagnarde cuite au feu de bois baptisée la « courwezthu", en référence aux trois villages qui ont fusionné en 1964 pour donner Val-de-Vesle, précise Cyril Huart. Nos clients viennent de communes environnantes. La cantine scolaire, le restaurant, les associations du village sont également clients. La demande augmente chaque semaine et va au-delà de mes prévisions. »

Avec l'ouverture du camping, Cyril s'attend encore à une progression. Il estime que son commerce sera rentabilisé en sept ans.Si elle répond à un besoin de proximité des habitants, la boulangerie est également placée sous le signe de la proximité pour l'approvisionnement afin de limiter l'impact environnemental. Le pain est réalisé avec du blé Apache, produit par un agriculteur de Val-de-Vesle, stocké dans un silo à proximité puis transformé en farine par un minotier situé à quinze kilomètres. Même démarche pour l'épicerie : œufs, salade, asperges, concombre, endives, poulets, lentillons... proviennent des producteurs locaux et le reste d'une centrale d'achat afin de disposer de prix compétitifs.

Cinq mois après son ouverture, le bilan est positif. « Cette création permet d'améliorer les services à la population, notamment pour les personnes les moins mobiles, de promouvoir la vie sociale en recréant un lieu de vie et de développer l'attractivité du village pour accueillir de nouveaux habitants dans les constructions en cours, souligne le maire. Cela contribue aussi à revitaliser le commerce en zone rurale. »

Quant à Cyril, lorsqu'on lui demande s'il ne regrette pas son ancien métier, il répond sans hésitation : « Je suis passé du commerce international au commerce local sans regret. »

par Chantal Urvoy