Découvrir la vie des mineurs de fond

Visiter le Centre historique minier de Lewarde, dans le Nord, c'est plonger dans le monde de Germinal. Le plus grand musée de la mine en France invite à suivre le parcours quotidien des « gueules noires ».

Direction la « salle des pendus ». Cette vaste et haute pièce servait de vestiaire et de salle de bains. Les mineurs y trouvaient leur bleu de travail sur un « monte-habits » numéroté.

Puis, halte à la lampisterie, où chacun récupérait sa lampe en échange de son jeton. Conservée dans son état d'origine, elle contient une remarquable collection de lampes datant du xviiie siècle au xxe siècle.

La flamme grandissante signifiait la présence de grisou. Les jetons affichés sur un tableau permettaient à la lampiste de repérer à tout instant qui était au fond de la mine.

Après avoir revêtu un casque, descente dans les entrailles de la terre. La vitesse folle simulée par l'ascenseur donne l'illusion d'arriver au cœur de la mine.

Un circuit de 450 mètres dans les galeries montre l'évolution du métier, du XIX^e siècle jusqu'aux années 1990.

La reconstitution du bruit assourdissant des machines en fonctionnement, des marteaux-piqueurs, des chantiers d'extraction de charbon aide à imaginer le travail des mineurs dans cette fosse.

Le témoignage de cinq anciens mineurs qui se relaient auprès des visiteurs donne encore plus de vérité à cette reconstitution de galerie.

A l'image de Jacques Fédiaczko, mineur de 1970 à 1990. Près de la silhouette d'un cheval boulonnais, il rappelle : « Une fois descendu, l'animal ne remontait plus. Il restait une douzaine d'années au fond de la mine à tirer des trains de douze berlines, soit sept tonnes. »

Avant, les anciens mineurs accompagnaient la visite. Désormais, ils restent en surface pour échanger avec le public. Car, revenus sur le carreau de la fosse, les visiteurs rejoignent les bâtiments industriels, où sont exposés 15.000 objets.

Une reconstitution détaillée de la vie quotidienne des familles de mineurs dans la cité et les corons achève le parcours : intérieur d'une maison, jardin, gallodrome, estaminet...

Ce lieu de mémoire, ouvert en 1984 dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, a été construit à l'emplacement de la fosse Delloye. Il se repère de loin grâce à deux « chevalements », ces tours métalliques qui servaient à descendre et à remonter les mineurs, mais aussi le minerai des puits.

Le site accueille plus de 150.000 visiteurs par an, rendant hommage au dur labeur des mineurs.

par Catherine Yverneau

(publié le 14 janvier 2011)