vendredi 02 avril 2010 - 17h56
Passionné de montagne, Damien Babonnet, éleveur en Côte-d'Or, a réalisé son rêve d'escalader le Mont-Blanc.
« Adolescent, je lisais des romans d'aventures comme Premier de cordée, de Roger Frison-Roche. J'admirais les héros de l'alpinisme », se remémore Damien Babonnet. Eleveur de vaches allaitantes et de volailles à Bellenot-sous-Pouilly, en Côte-d'Or, il ne conçoit pas sa vie d'agriculteur sans loisirs.
Damien a découvert la montagne et appris à skier, à l'âge de dix ans, en participant aux sorties du centre social de Pouilly-en-Auxois. Depuis son mariage avec Claudine, il part régulièrement en vacances ou en week-end au ski en famille, car sa fille Sixtine, dix-huit ans, et son fils, Louis-Edouard, quatorze ans, aiment aussi la montagne.
Dans le village de Giettaz, en Savoie, au pied de la chaîne des Aravis, Damien s'est lié d'amitié avec Noël, un menuisier, également moniteur de ski, et a appris les rudiments de l'escalade. Ensemble, ils pratiquent la randonnée chaque année.
«Un jour, j'ai confié à Noël mon rêve de gravir le Mont-Blanc sans savoir si j'en étais capable, se souvient Damien. On programme ça l'an prochain avec un copain guide, m'a-t-il répondu tout de go ».
Le 26 septembre 2009, après avoir reporté l'expédition plusieurs fois en raison du mauvais temps, Damien escalade ce pic avec ses deux coéquipiers.
Les trois hommes ont quitté le chalet la veille à midi. A 15 h 30, ils ont atteint le premier refuge La Tête Rousse, à 3 165 m, pour repartir dans la nuit à 2 h 0, équipés de lampes frontales.
A 4 h 30, arrivés au refuge du Goûter à 3 800 m, les trois hommes ont chaussé les crampons et ont pris des piolets pour affronter la paroi neigeuse en cordée. Ils ont assisté au lever du soleil sur l'arrête sommitale du Mont-Blanc au dernier refuge Vallot, à 4 400 m.
« J'ai vomi plusieurs fois, se souvient Damien. J'ai eu très mal sans savoir si ces symptômes venaient de la raréfaction de l'oxygène ou du repas de la veille. J'ai pu tout de même profiter pleinement de mes efforts grâce à une forte motivation. Je ne me suis jamais senti en danger avec un guide très expérimenté en qui j'avais confiance. »
Ainsi, le mental a pris le dessus sur la souffrance physique. Les trois coéquipiers atteignent le sommet du Mont-Blanc, 4 810 mètres, à 9 heures 30, dans des conditions météorologiques exceptionnelles.
« Là-haut, j'étais dans un état émotionnel exceptionnel, raconte Damien. J'ai craqué. C'était du bonheur absolu. Nous nous sommes embrassés naturellement. Nous y sommes restés une demi-heure pour avoir le temps de prendre des photos et de téléphoner à mon épouse. »
Ne pas en rester là
Agé de quarante-cinq ans, l'éleveur entretient une bonne forme physique en courant régulièrement, avec son épouse, dans la campagne autour de la ferme. Claudine, qui travaille à l'extérieur et occupe un poste de direction, apprécie aussi cette activité de détente.
Damien s'est organisé sur son exploitation (lire encadré), de manière à pouvoir partir skier chaque hiver une quinzaine de jours en famille. Sportif dans l'âme, il a plein d'autres projets, notamment l'ascension du Cervin en Suisse. Il veut aussi regravir le Mont-Blanc, cette fois avec son épouse comme coéquipière.
Vivre ses passions Pour évacuer le stress Chacun a des passions plus ou moins secrètes. « On n'ose pas les extérioriser parce que l'on se sent prisonnier de son exploitation. C'est un manque de ne pas les vivre à cause de son métier. Il faut essayer de se donner les moyens d'y arriver. Cette libération est un réel bénéfice pour l'équilibre psychologique. On est mieux dans sa tête. On se valorise d'une autre manière. En évacuant de temps en temps son stress, on exerce son métier plus sereinement », estime Damien. Toute une organisation L'agriculteur groupe les cent trente vêlages sur novembre-décembre, pour pouvoir se libérer plus facilement aux vacances de février. « Pour me remplacer, je peux compter sur Olivier, mon salarié depuis quatre ans. Sans lui, je ne pourrais pas partir. Je ne sais même pas si je serais encore agriculteur, confie Damien. J'ai travaillé seul pendant un temps. Aujourd'hui, je ne le pourrais plus. » |
par Charles-henri Pouzet
(le 2 avril 2010)
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