Apprendre la sécurité dans les transports scolaires

En France, quatre millions d'enfants, dont deux millions en zone rurale, utilisent l'autocar pour se rendre à l'école. Dans l'Orne, quelque 17 000 élèves empruntent chaque jour l'un des 600 circuits de transport scolaire aux 3 500 arrêts.

Mais après cinq enfants tués et un blessé ces treize dernières années, les élus du conseil général n'ont pas voulu croire à la fatalité.

« Nous avons étudié plus de trois mille points d'arrêt en les classant selon quatre niveaux : rouge pour les aménagements urgents, orange pour ceux à sécuriser en seconde priorité, jaune pour les acceptables et vert pour ceux qui sont conformes », détaille Pierre Jacomme, le directeur des transports du conseil général.

L'assemblée départementale a voté en 2005 un budget de 5 millions d'euros pour aménager 600 points d'arrêt classés rouge ou orange. « L'objectif principal est de donner de la visibilité aux enfants et aux voitures », rappelle Pierre Jacomme.

La sécurité du stationnement du car est assurée par une mise hors chaussée. Des barrières et des cheminements piétons permettent aux enfants d'accéder facilement au bus. Initiative unique en France, des poteaux placés de chaque côté de la route matérialisent une « traversée préconisée ».

Le stationnement des parents en voiture est aussi pris en compte, avec des parkings adjacents sur les voies secondaires, directement reliés à l'aire d'arrêt. Enfin, une signalisation a été mise en place afin d'avertir les automobilistes et les inciter à réduire la vitesse.

« Malheureusement, les voitures ne ralentissent pas suffisamment, constate Pierre Jacomme. Nous étudions un dispositif d'avertissement visuel plus incitatif sur le car. »

Pierre Couprit, le maire de Rânes est satisfait de ces aménagements réalisés sur sa commune, à la Forêterie : « Dans ce hameau de quatre-vingt-dix habitants, six enfants prennent l'autocar chaque jour sur une route très fréquentée. Ils sont désormais en sécurité. Il ne manque que l'abribus ! »

Par ailleurs, des actions de sensibilisation des enfants à la sécurité routière ont été mis en place. A chaque rentrée scolaire, des dépliants leur rappellent les dangers liés au transport et les bons gestes à adopter. Des brassards rétroréfléchissants à mettre au bras ou à la jambe sont distribués.

Un jeu vidéo destiné aux douze-quinze ans, qui permet de tester son comportement dans différentes situations et de préparer son attestation de sécurité routière, est disponible sur internet. Des forums organisés dans les collèges avec la gendarmerie, les pompiers et la Prévention routière complètent le dispositif.

Près de 200 collégiens ont assisté en octobre dernier à un forum un peu particulier, la reconstitution d'un accident en conditions réelles avec un pilote professionnel : un collégien se fait percuter par une voiture en voulant traverser la route.

Ce crash test était précédé d'une démonstration de freinage pour informer sur les distances de sécurité. « Il s'agit de sensibiliser les jeunes aux dangers liés à la montée ou la descente d'un bus scolaire », rappelle Pierre Jacomme.

Afin de marquer les esprits, un film pédagogique de l'événement a été réalisé. Il sera projeté dans les établissements scolaires.

Les initiatives prises dans l'Orne commencent à faire école. « Le référentiel national sur les aménagements des points d'arrêts de bus s'inspire de nos réalisations, souligne Pierre Jacomme. Nous participons aussi à de la formation dans d'autres départements ».

Pour toutes ces actions, le conseil général a reçu une « Echarpe d'or » de la Prévention routière.

par Jean-Claude Ballandonne

(publié le 12 mars 2010)