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Dans le Poitou-Charentes, bras de fer autour de l’eau

Publié le mercredi 25 mai 2011 - 17h55

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Les arrêtés préfectoraux sont tombés au cours de la troisième semaine de mai 2011 : interdiction totale d'irriguer sur 22 des 24 bassins de la Charente-Maritime, interdiction totale d'irriguer sur la quasi-totalité de la Charente.

 

Les premières coupes de fourrage ont accusé une baisse de rendement de 50 % au moins, parfois davantage. Plus rien ne pousse et nul ne sait s'il pourra y avoir une deuxième coupe. La carte de l'Observatoire régional de l'environnement montre un territoire dont les deux tiers ont basculé dans le rouge. Du jamais vu dans le Poitou-Charentes...

 

Les exploitants s'attendaient à de sérieuses restrictions, mais pensaient faire comprendre aux préfets leurs nécessités immédiates et les risques que leur fait encourir l'interdiction totale. Les cultures ont trois semaines d'avance et c'est maintenant qu'elles ont besoin d'eau. Maintenant et pas à la mi-juin, quand les préfectures ont prévu de réexaminer la situation et leurs positions.

 

Ces interdictions suscitent la colère, parce qu'elles sont jugées disproportionnées et qu'elles n'ont fait l'objet d'aucune discussion. Elles ont provoqué deux types de réaction dans la Charente-Maritime, le département où les positions sont les plus dures.

 

D'une part, les irrigants ont organisé des manifestations dès le samedi 21 mai 2011, bloquant les quatre sorties de l'autoroute Paris-Bordeaux et l'axe Niort-La Rochelle. Certains ont fini de manifester à Royan, pour y partager leurs casse-croûte et distribuer des tracts aux touristes afin de les alerter sur les difficultés de leur situation.

 

L'autre réaction est la rébellion. Le soir même de la prise de l'arrêté et les nuits qui ont suivi, des irrigants ont continué de faire fonctionner leurs enrouleurs pour marquer leur désaccord.

 

Lors d'une énième rencontre le lundi 23 mai 2011, le préfet a évoqué la possibilité de revoir les restrictions pour le maïs ensilage et permettre un éventuel arrosage. Quoi qu'il en soit, les positions des éleveurs sont clairement énoncées.

 

L'absence de fourrage est telle que certains ont d'ores et déjà annoncé qu'ils passeront outre les interdictions, préférant risquer des amendes plutôt que d'affamer ou de réformer leurs animaux.

 

Le mardi 24 mai 2011, des aménagements ont cependant été accordés par la préfecture. Dans les bassins où le seuil de coupure n'est pas atteint, les irrigants ont droit à cinq nuits d'arrosage. Dans les bassins en situation plus critique, seul le maïs ensilage pourra être arrosé au cours de ces cinq mêmes nuits. Pourtant, les agriculteurs ont souligné que le maïs grain risquait fort de se transformer lui aussi en ensilage. Peine perdue...

 

 

Solidarité entre céréaliers et éleveurs

La solidarité joue à fond en Charente. Les céréaliers et les éleveurs qui ont contacté la chambre d'agriculture pour mettre à disposition leurs jachères ou signaler leurs besoins en fourrage se comptent en centaines. « Tout le monde joue le jeu », indique Yoahn Delage, vice-président de la chambre, membre de la cellule de crise mise en place au début de mai 2011. Il précise cependant : « Les jachères ne donnent pas de bons fourrages. C'est un palliatif, pas une solution. »
En Charente-Maritime, les OPA vont tout mettre en œuvre pour convaincre les céréaliers de mettre leurs jachères à la disposition des éleveurs et de ne surtout pas broyer les pailles. Toutes risquent d'être utilisées sur place. Et ce, au détriment des régions d'élevage voisines qui, chaque année, importent de grandes quantités de paille de la région.

M.G.

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