Publié le lundi 10 mai 2010 - 17h48
Le 4 mai, quand il s'est mis à neiger, les agriculteurs de l'Aude n'en croyaient pas leurs yeux. La veille, il faisait encore 25°C et c'était la sécheresse qui les inquiétait. Il leur a ensuite fallu près de 48 heures pour prendre la mesure des dégâts.
L'événement est exceptionnel par sa date et par son ampleur. Il touche des cultures à un stade avancé, plus vulnérables qu'en hiver. Les colzas et les pois étaient en fleur, les orges déjà épiées et les blés durs en cours d'épiaison. Le gel a perturbé les fécondations et les méïoses. Et surtout, sous le poids de la neige, toutes ces cultures ont été complètement aplaties, de même que les prairies.
Les vignes et les vergers ont souffert du gel. La zone la plus touchée se situe entre 200 et 700 mètres d'altitude. « Au moins 40.000 à 50.000 ha ont subi des dégâts importants », estime Christophe Bonnemort, de la chambre d'agriculture.
Les pertes de rendement pourraient atteindre de 50 à 80 % en fonction de la zone et du stade des cultures.
« Les colzas, en fin de floraison, mesuraient 2 mètres de hauteur et le potentiel s'annonçait excellent. Mais sous le poid de la neige, la végétation a été couchée et les tiges cassées à 20 cm du sol. Elles ne se redresseront pas, et à la moisson, il n'y aura pas grand-chose à ramasser », estime Jean-Luc Uxaut, encore sous le choc.
Installé dans le canton de Fanjeaux, le plus touché, il a surtout des cultures d'hiver dans son assolement. Les orges et une grande partie des blés durs sont aussi couchés et ont souffert du gel. « Je vais perdre 80 % de ma récolte, et je ne sais pas comment je pourrai redémarrer l'an prochain ! », souligne t-il.
La plupart des exploitations, déjà fragilisées par les mauvais prix de l'an dernier, n'avaient pas souscrit d'assurance. Elles auront bien du mal à faire face seules à de telles pertes. L'état de catastrophe naturelle a été reconnu pour tout le département. La chambre d'agriculture et les syndicats ont créé une cellule de crise pour recenser les dégâts, mobiliser les pouvoirs publics et obtenir des aides exceptionnelles.
Un changement de temps très brutal
Dans la nuit du 3 au 4 mai, la température a chuté brutalement de 20°C. En début de matinée, de 20 à 30 mm de pluie sont tombées. Puis la température est descendue au-dessous de zéro, et en une heure, une couche de neige de 10 à 20 cm a recouvert toutes les cultures. Durant deux jours, les températures sont restées très basses. Plus de 100 mm de pluie sont tombés et ont raviné les coteaux où les tournesols venaient de lever. Le vent a également soufflé très fort. « Devant chez moi, trois pylônes en béton ont été cassés », raconte Jean-Luc Uxaut. |
F.E.
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