« Je sais qu'il faut porter les équipements de protection individuelle (EPI) mais je ne le fais pas car il est impossible de travailler avec cet équipement. C'est trop désagréable et puis ce n'est pas adapté à l'agriculture. »
Ces arguments, nous les avons entendus chez tous les agriculteurs interrogés sur le sujet. Pourtant, tous ont conscience de la nécessité de se protéger, notamment depuis l'obligation de suivre la formation Certiphyto.
Certains portent une partie des EPI comme les gants ou les lunettes, mais très peu d'agriculteurs s'équipent en totalité. Il n'est pas rare en effet de trouver le tablier de protection oublié au fond du hangar ou le masque respiratoire posé sur le bureau.
De plus, les procédures de retrait, d'entretien et de renouvellement des EPI sont rarement respectées, ce qui dans certains cas peut augmenter les risques de contamination.
1. Bouillie. La préparation de la bouillie est l’une des activités qui provoque le plus d’incidents de contamination. (Photo de gauche)
2. Passerelle. La montée vers le trou d’homme permet de contrôler le confort des tabliers et des combinaisons. (Photo de droite)
En plein soleil
Face à ce constat, nous avons décidé de tester ces équipements en conditions réelles afin d'identifier les solutions les plus adaptées à une exploitation agricole et d'apporter des éléments de choix lors de l'achat d'EPI. Pour les tester en conditions réelles, nous avons travaillé dans une exploitation d'Issoudun (Indre) avec un pulvérisateur traîné neuf. Et pour rendre les conditions de travail les plus désagréables possibles, nous avons attendu les journées les plus chaudes du mois d'avril, avec 20°C à l'ombre et un ciel sans nuages.
Les quatre membres de l'équipe ont essayé les équipements à tour de rôle, avec différentes combinaisons de protection oculaire et respiratoire, ainsi que tous les tandems tabliers/gants possibles. La règle du jeu était simple : réaliser quatre opérations classiques de la pulvérisation en portant la « panoplie » complète. Chaque EPI devait être porté pendant au moins 30 minutes, au soleil, par chaque opérateur.
Cela n'a pas toujours été possible, car certains masques ont rapidement provoqué des problèmes respiratoires chez les asthmatiques. De plus, plusieurs équipements de protection des yeux et quelques masques ne sont pas compatibles avec le port de lunettes de vue ou avec des cheveux longs (qui doivent être attachés). Ces incompatibilités sont signalées par des pictogrammes dans nos fiches détaillées sur chaque EPI.
3. Nettoyage. Le nettoyage de la rampe doit s’effectuer avec une protection complète, ce qui se révèle très désagréable. (Photo de gauche)
4. Buses. le démontage des buses offre la possibilité de tester la solidité des gants jetables. (Photo de droite)
Les travaux classiques
• La préparation de la bouillie. Nous avons considéré que les produits entrant dans la composition de la bouillie portaient l'une des mentions suivantes : très toxique, toxique, nocif ou irritant par inhalation. Le port du masque était donc obligatoire. L'épreuve de la préparation de la bouillie a débuté devant le local phyto par le transport des bidons, puis leur ouverture suivie par le remplissage au niveau de l'incorporateur, et enfin le rinçage des contenants.
• Contrôle de la cuve. Afin de tester le confort et la solidité des combinaisons et tabliers, nous nous sommes rendus sur la passerelle pour contrôler le contenu de la cuve au niveau du trou d'homme. Cette épreuve s'est révélée plus périlleuse que prévu car plusieurs tabliers sont beaucoup trop longs pour grimper à l'échelle et surtout en descendre sans risque.
• Nettoyage. Que ce soit à la parcelle ou sur la plateforme de nettoyage, cette opération nécessite la même protection que pour la préparation de la bouillie. Elle a permis de vérifier l'étanchéité des équipements ainsi que la qualité du traitement antigoutte des lunettes et masques.
• Interventions sur les buses. Les petites interventions sur les buses pendant le travail ne nécessitent que le port d'une combinaison de travail déperlante et le port de gants en nitrile jetables. Le démontage des buses et porte-buses a été l'occasion de tester la solidité de ces derniers. En plus de ces épreuves pour les traitements par pulvérisateur, nous avons manipulé la machine de traitement de semences, une activité qui comporte un risque important de contamination par contact et par inhalation des poussières.
Partenariats
• Axe Environnement nous a fourni la plupart des EPI de son catalogue ainsi que plusieurs prototypes à tester.
• Berthoud et Gonnin Duris ont mis à notre disposition un pulvérisateur Ténor ainsi qu'un tracteur New Holland T6.
• Les mensuels du Groupe France Agricole Agrodistribution (numéro de février 2015) et Phytoma (avril 2015) ont réalisé eux aussi un dossier sur les EPI et contribué à ces essais.
Une application pour évaluer les besoins
Sur son application Touch&Diag disponible sur tablette, Axe Environnement propose de réaliser le diagnostic des besoins en EPI de l'exploitation. A partir des données sur les cultures, les traitements réalisés et le type de tracteur et de pulvérisateur, l'application renseigne sur le type d'équipement nécessaire pour la campagne ainsi que sur les quantités. Il est possible d'enregistrer plusieurs utilisateurs ainsi que les tailles nécessaires pour chacun. La dernière étape est la fourniture d'un devis précis.
Henri Etignard, Vincent Gobert, Corinne Le Gall et Pierre Peeters (publié le 8 mai 2015)
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres