Publié le lundi 17 novembre 2014 - 10h03
Des milliers d'agriculteurs, venus de tout le grand Sud-Ouest (Cantal, Lozère, Landes, Pyrénées...), ont manifesté le 15 novembre 2014, à Albi (Tarn), pour soutenir le projet de création de retenue d'eau du Sivens. Mais ils n'étaient pas seuls. Elus locaux, forestiers, entrepreneurs, commerçants, artisans, chasseurs, pêcheurs et simples citoyens étaient à leurs côtés pour dénoncer les actions des ZADistes, qui bloquent le projet depuis des mois. Un appel « pour que la raison revienne et que les décisions des élus locaux et l'ordre public soit respectés ».
« Trop c'est trop, maintenant il faut que ça cesse », résume l'adjoint au maire d'une commune tarnaise. Paré de son écharpe d'élu bleu, blanc, rouge, il est venu manifester pour exprimer son ras-le-bol d'une situation bloquée par « une centaine d'opposants aux méthodes intolérables ».
Présent dans le cortège, Michel Bossi, président de la chambre de commerce d'Albi, explique : « Je suis là pour soutenir les valeurs de la République, qui sont ici bafouées, et par solidarité avec nos collègues de la chambre d'agriculture. Ce projet est arrivé à son terme, tous les recours normaux ont été légalement menés. Il faut qu'il puisse être réalisé. »
Envisagée depuis 1989, étudiée sous sa forme actuelle depuis 2005 et votée par quarante trois élus départementaux sur quarante six, la retenue du Sivens n'est pas un « ouvrage pharaonique », comme on a pu l'entendre dire. Plutôt une « marre aux canards » à l'échelle des réserves d'eau déjà réalisées sur le bassin Adour-Garonne. Une réserve dont quatre-vingt-deux agriculteurs locaux ont besoin pour irriguer leurs cultures.
La voix de la majorité silencieuse
A Albi, ce samedi, ce sont au moins cinq mille personnes qui ont manifesté en silence. Sur une grande bâche noire était inscrit « Laissez-nous décider de l'avenir de nos territoires, anticiper les changements climatiques, non à la violence, respect des décisions des élus ».
Le cortège a traversé la ville dans le calme, sans heurts ni violence. Hormis une jeune fille brune, à mi-parcours, qui hurlait « Honte à vous, honte à vous ! », aucun incident n'a été à déplorer. Les passants semblaient plutôt satisfaits qu'une partie de la population se lève pour dénoncer la façon d'agir des opposants au projet du Sivens. Les CRS dépêchés sur les lieux dans une douzaine de véhicules, pour le maintien de l'ordre, n'ont pas eu à intervenir.
« Ce rassemblement se fait avec une vraie volonté d'apaisement, a confirmé à la tribune Jean-Claude Huc, président de la chambre d'agriculture du Tarn. Il faut que les habitants de la vallée retrouvent le calme. Les troubles du Sivens doivent s'arrêter. »
Pour que revienne la paix
« Une partie de notre vallée est devenue une zone de non-droit, a ajouté Pascale Puibasset, responsable de l'association Vie Eau Tescou qui soutient le projet de retenue depuis le début. Nous, habitants de la vallée, qui nous sommes toujours exprimé à visage découvert, demandons à être entendus et respectés. Nous voulons pouvoir à nouveau circuler librement et en toute sécurité sur le domaine public, disposer de nos propriétés, décider de l'avenir de notre territoire et vivre en paix. »
Dans la vallée du Tescou, s'exprimer aujourd'hui à visage découvert fait prendre des risques. Plusieurs agriculteurs qui se sont affichés contre les ZADistes reçoivent des menaces de mort par courrier ou téléphone, et retrouvent leurs bâtiments et véhicules tagués.
Un projet légal qui doit aboutir
« La notion de ZAD, “zone à défendre”, est d'ailleurs très perturbante, c'est du langage militaire, a souligné Philippe Bonnecarrère, sénateur du Tarn. Dans une démocratie, on n'a pas à se défendre contre ses concitoyens. La notion de défense s'applique uniquement aux ennemis extérieurs d'un pays. »
« Le projet du Sivens a suivi la voie légale. Or la loi doit être respectée et doit être la même pour tous, a renchéri Jacques Valax, député de la circonscription. Les organisations syndicales sont prêtes au dialogue et France Nature Environnement a reconnu que les agriculteurs et les élus du département avaient fait des efforts dans ce sens. Si le projet peut être amélioré, il le sera, mais il doit se faire dans l'intérêt de tous les habitants. Si nous cédons aujourd'hui, nous n'aurons plus la possibilité de porter d'autres projets à l'avenir. »
A la préfecture, les réunions avec les deux experts nommés par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, ont démarré jeudi dernier, pour trouver des solutions au projet. Elles devraient avoir lieu tous les dix jours jusqu'à la fin de décembre.
Florence Jacquemoud
Chrisolas
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lucide40
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Manipulation!
lundi 17 novembre 2014 - 23h03
Cette manif est une tentative de manipulation avec un discours qui se contredit! Stop à l'irrigation intensive, et surtout STOP aux financements publics des retenues! Tout doit être à la charge exclusive des irrigants!