Au menu de la Commission européenne, pas de viande clonée. Le 18 décembre 2013, Bruxelles a proposé d'interdire le clonage animal à des fins alimentaires dans l'UE. En revanche, elle a renoncé à bannir la vente de viande ou de lait de descendants d'animaux clonés pour ne pas indisposer ses partenaires commerciaux, notamment américains.
« La Commission propose d'interdire [temporairement, ndlr] la technique du clonage pour les animaux d'élevage et d'interdire l'importation d'animaux clonés vers l'UE, a annoncé le commissaire européen chargé de la Santé, Tonio Borg, lors d'une conférence de presse. Sera également interdite la mise sur le marché de denrées alimentaires obtenues à partir d'animaux clonés (viande, lait). Les actes proposés devraient entrer en vigueur « en 2016 au plus tôt », selon la Commission.
« Mais nous ne faisons pas de proposition sur l'étiquetage » pour la viande fraîche de bovins descendants d'animaux clonés. Le commissaire assure que, pendant la réunion, ont été évoquées « toutes les possibilités, y compris l'étiquetage de la viande fraîche de bovins descendants d'animaux clonés ». Mais la Commission a jugé qu'il fallait « procéder à une analyse approfondie ».
Au sein de l'Union européenne, le clonage animal à but alimentaire ne se pratique qu'au Danemark. La viande de clones ne se mange pas, en raison du prix très élevé de ces spécimens. Mais leurs embryons et semences sont commercialisés et exportés, et leurs descendants sont élevés, en particulier aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil et en Uruguay. Or l'UE importe chaque année entre 300.000 et 500.000 tonnes de viande bovine des Etats-Unis et d'Argentine, pays qui ont autorisé le clonage à des fins commerciales, mais qui ne possèdent aucun système de traçabilité.
Le Parlement souhaitait exiger une traçabilité très poussée pour informer les consommateurs de toute trace de viande issue de bête clonée en remontant à plusieurs générations. Mais cela aurait imposé aux Etats Unis et à l'Argentine de mener des contrôles qu'ils ne veulent pas réaliser. L'UE aurait été contrainte de bloquer les importations, au risque d'une nouvelle guerre commerciale, en pleine négociation d'un accord commercial bilatéral UE-USA.
« Le clonage ne semble pas être une option réalisable » (Copa-Cogeca)
En réaction à la proposition de la Commission d'interdire l'utilisation du clonage d'animaux à des fins de production alimentaire pour une durée de cinq ans, le Copa-Cogeca (1) souligne que les agriculteurs ont « à ce jour manifesté peu d'intérêt envers cette technique, étant donné qu'elle en est encore largement à ses débuts et ne constitue pas une option viable pour le marché ».
« Les agriculteurs doivent répondre aux demandes des consommateurs et le clonage ne semble actuellement pas être une option réalisable, que ce soit d'un point de vue économique ou de marché », souligne le Copa-Cogeca dans un communiqué du 18 décembre. « Néanmoins, les nouvelles technologies sont employées de façon toujours plus fréquente dans les pays tiers. Les agriculteurs européens ne peuvent accepter un système à deux poids, deux mesures. Il est donc impératif que les importations vers l'UE respectent les mêmes normes que les produits européens. »
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(1) Comité des producteurs et des coopératives agricoles de l'UE .
A télécharger :
- Proposition de règlement relatif aux nouveaux aliments (18 décembre 2013)