Le « repas gastronomique des Français » a été inscrit mardi au patrimoine immatériel de l'humanité par un comité intergouvernemental de l'Unesco réuni à Nairobi. C'est la première fois qu'une gastronomie figure au patrimoine de l'humanité.
Les experts de l'Unesco réunis cette semaine dans la capitale kenyane ont estimé que le repas gastronomique à la française, avec ses rituels et sa présentation, remplissait les conditions pour rejoindre la « liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité ».
Dans un des attendus de leur décision, adoptée en séance par consensus, le comité note que la gastronomie française relève d'une « pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes ».
« Les Français aiment se retrouver, bien boire et bien manger, et célébrer un bon moment de cette façon. C'est une partie de nos traditions et une tradition bien vivante », a déclaré l'ambassadrice de France auprès de l'Unesco, Catherine Colonna, lors de son intervention en séance.
La présidente du comité intergouvernemental chargé d'examiner les candidatures, Kristin Kuutma, a cependant souligné que son équipe « avait eu une longue discussion sur ce dossier spécifique » du repas gastronomique, notamment sur le risque d'usage abusif du label de l'Unesco à des fins commerciales.
« Il reviendra au comité de maintenir une surveillance de l'usage du logo » de l'Unesco, a-t-elle averti en séance, faisant écho aux préoccupations d'un délégué japonais qui avait demandé si les restaurants français de luxe installés au Japon pourraient désormais se revendiquer de l'organisation de l'ONU chargé de la culture et de l'éducation.
« La France aura à cœur d'appliquer pleinement l'esprit et la lettre de la convention » sur le patrimoine immatériel, a assuré Mme Colonna.
Le repas gastronomique des Français sera inscrit sur la liste représentative du patrimoine immatériel, et non sur la liste du patrimoine « nécessitant une sauvegarde urgente », réservée aux pratiques menacées.
« Ce n'est pas tant (de notre part) une préoccupation de sauvegarde qu'une préoccupation liée à la diversité culturelle et à l'identité », a précisé Mme Colonna à l'issue du vote.
La « liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité » a été instituée par une convention signée en 2003, ratifiée à ce jour par 132 pays, et visant à protéger désormais les cultures et traditions populaires, au même titre que les sites et les monuments, qui ont fait l'objet d'une précédente convention en 1972.
178 pratiques culturelles ou savoir-faire traditionnels ont été à ce jour inscrits au patrimoine universel immatériel de l'humanité, avant la tenue cette semaine à Nairobi de la réunion annuelle du comité intergouvernemental chargé d'étudier les candidatures.
51 dossiers au total sont soumis cette année à l'examen de ce comité.