La Confédération paysanne a salué mercredi dans un communiqué « le désir affiché par la réunion internationale de Dakar de mieux "réguler les prix des matières premières agricoles" ». Pourtant, le syndicat rejette la proposition faite la semaine dernière par « la double présidence du président du Sénégal Monsieur Wade, et du Momagri » de créer une nouvelle organisation mondiale agricole (OMA).
« La proposition de demander au G20 la création d'une organisation mondiale de l'agriculture sous pilotage du G20 – et non pas de l'ONU - a de quoi laisser perplexe », ajoute la Confédération paysanne.
« Ce n'est pas d'une nouvelle structure dont les populations et les paysans ont besoin pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, c'est d'une véritable volonté politique pour stopper la spéculation sur la nourriture, et assurer le respect des droits des agriculteurs, éleveurs et des pêcheurs pour la terre, l'eau, les semences, le crédit, droits quotidiennement bafoués sur tous les continents », a rectifié le syndicat agricole.
Par ailleurs, la Confédération paysanne remarque que le Momagri, qui a assuré la coprésidence de cette réunion de Dakar, est « un think-tank français présidé par Pierre Pagesse, également président de Limagrain, et fervent défenseur des OGM ».
La création d'une Organisation Mondiale de l'Agriculture, « au service des intérêts commerciaux de ses promoteurs, ne ferait que retarder la mise en place de vraies solutions au problème alimentaire mondial », s'indigne le syndicat.
Répondant au président sénégalais qui milite depuis plusieurs années pour la suppression de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qu'il considère « inutile », la Confédération paysanne souligne que cette institution « bancale, imparfaite, soumise à des influences contraires, rassemble tous les pays du Monde ».
« Elle a été missionnée par les Nations unies pour organiser l'agriculture et l'accès à l'alimentation, a su se remettre en cause et a engagé depuis deux ans une réforme profonde du Comité de Sécurité Alimentaire, incluant une meilleure prise en compte des organisations non gouvernementales » incluant « les producteurs, mais aussi l'OMC et le FMI », insiste le syndicat.
« Est-ce de cette démocratie dont le Momagri et les participants à la réunion de Dakar ont peur ? », s'interroge la Confédération paysanne.
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