L'agriculture dans les pays en développement doit devenir « intelligente » face au changement climatique si l'on veut relever le défi consistant à nourrir un monde plus densément peuplé et plus chaud, préconise un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). « Mais on est loin du compte avec les options courantes de financement et d’aide au développement », souligne t-elle.
Selon le rapport « Une agriculture intelligente face au climat : politiques, pratiques et financement pour la sécurité alimentaire, l'adaptation et l'atténuation » (1), le changement climatique devrait aggraver le niveau d'insécurité alimentaire déjà élevé dans beaucoup de régions. Dans le même temps, la production agricole mondiale devra augmenter de 70 % au cours des quatre prochaines décennies, afin de couvrir les besoins alimentaires d'une population en expansion.
Selon ce rapport, l'agriculture doit pouvoir produire plus de nourriture, moins de déchets et faciliter aux agriculteurs l‘écoulement de leurs produits auprès des consommateurs.
L'agriculture doit pouvoir faire face aux accidents climatiques, « d'où la nécessité de systèmes d'alerte et d'assurance pour les aider à faire face au changement climatique », indique la FAO.
Elle « doit trouver des moyens (techniques) pour réduire son impact sur l'environnement (...) sans compromettre pour autant la sécurité alimentaire et le développement rural », insiste le communiqué.
Le rapport de la FAO fait état d'un certain nombre d'activités et de pratiques (2), déjà en usage (au niveau de la gestion des sols, des nutriments, de l'eau, dans la protection sanitaire des cultures et des élevages, dans la conservation des ressources génétiques ou encore dans la logistique de l'approvisionnement), pour répondre à ces besoins.
Mais des « investissements considérables seront requis », prévient la FAO, car « les ressources actuellement disponibles sont insuffisantes pour financer les efforts visant à aider l'agriculture et les agriculteurs à faire face au changement climatique, en particulier dans le monde en développement ».
La Banque mondiale estimerait le coût annuel de l'adaptation de l'agriculture du monde en développement au changement climatique à 2,5 à 2,6 milliards de dollars par an entre 2010 et 2050, selon le rapport. Il rappelle également que la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) estime les investissements et flux financiers supplémentaires requis pour atténuer les effets du réchauffement sur l'agriculture des pays en développement à 14 milliards de dollars par an d'ici à 2030.
Le rapport de la FAO fait également valoir qu'une plus grande cohérence est d'une urgente nécessité en matière d'élaboration de politiques relatives à l'agriculture, la sécurité alimentaire et le changement climatique.
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(1) Ce rapport est publié dans le cadre de la Conférence mondiale sur l'agriculture, la sécurité alimentaire et le changement climatique qui se tiendra à La Haye (Pays-Bas) du 31 octobre au 5 novembre 2010.