Répondant à une interpellation de Xavier Beulin, le président de la FNSEA, Eva Joly, la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts, confirme que « l'agriculture a bien sa place dans cette campagne (présidentielle, ndlr) » et qu'elle souscrit à l'idée « d'avoir un nouveau contrat entre agriculture et société, agriculteurs et citoyens ».
Pour la candidate verte, « le modèle agricole actuel ne peut plus durer ». Il « a rempli puis dépassé les objectifs qui lui étaient assignés : augmenter la production pour assurer la souveraineté alimentaire ». Ce modèle « a eu et a encore un coût social et un coût environnemental qui ne cessent de croître : effondrement du nombre d'agriculteurs et du nombre de fermes, désertification des campagnes, effondrement de la biodiversité, pollution des eaux, marées vertes, érosion, inondations, atteintes à la santé des agriculteurs, suicides élevés en milieu agricole, artificialisation des sols, invasion des marchés du Sud avec nos produits subventionnés... » Elle reproche à la FNSEA de porter une part de responsabilité dans ce bilan : « Elle (la FNSEA, ndlr.) crie actuellement sur tous les toits qu'il faut “relâcher la pression sur les mesures environnementales”. Elle incarne une certaine vision du monde agricole, une agriculture intensive dont nous voyons aujourd'hui les limites ».
Eva Joly estime que l'agriculture française, sous prétexte de nourrir le monde, fait le jeu de « puissantes multinationales » qui nuisent aux pays en développement ou aux petits agriculteurs. Elle prend l'exemple des exportations de céréales ou de « bas » morceaux des volailles ou encore les importations de soja ou de bœuf. « Ce n'est pas seulement l'environnement ou la souveraineté alimentaire de nombreux pays que le modèle que vous défendez a ruiné, continue d'assener Eva Joly. C'est aussi l'image des agriculteurs et leur santé ». La candidate verte estime que « les agriculteurs méritent mieux que de se défendre d'être des pollueurs qu'il faut faire payer. Ils méritent mieux que d'angoisser en se demandant si les pesticides qu'ils utilisent ne sont pas en train de les rendre malades ».
Le projet qu'elle propose et qu'elle présentera lors d'un grand rassemblement de son parti sur l'agriculture, à Caen le vendredi 3 février, vise à « sortir de cette impasse », à « redonner sens au métier d'agriculteur ». « Il s'agit toujours de produire, bien sûr, mais en accord avec la nature et avec les hommes, explique-t-elle. La mal-bouffe doit être une période révolue : je crois en l'amour des agriculteurs pour leur terre et leurs produits. Il faut installer des agriculteurs jeunes et moins jeunes qui ont un projet en accord avec la société, au lieu de poursuivre la logique d'agrandissement actuelle. Il faut aider l'ensemble des agriculteurs à vivre la transition nécessaire et progressive vers l'agro-écologie. Certains sont déjà prêts, d'autres beaucoup moins. Il faut respecter les rythmes de chacun mais... sans faire du sur-place. »
Pour Eva Joly, le progrès c'est « la transition écologique vers des modes de production et de consommation en harmonie avec le vivant, c'est-à-dire avec l'humain et la nature ».
« Les écologistes – loin d'être des empêcheurs de cultiver en rond – peuvent apporter les idées qui sauveront l'agriculture », conclut-elle dans sa lettre au président de la FNSEA.
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vendredi 03 février 2012 - 09h16
Elle oublie que le consommateur regarde principalement le prix . Elle devrait faire un sondage pour savoir si les gens sont prêts à payer leur nourriture deux fois plus cher, car ce qu'elle propose provoquera une baisse de 30% au moins de la production. Il faudra aussi bloquer les frontières pour barrer la route aux "mauvais" produits étrangers (OGM, etc) , ce qui est irréaliste.