L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié le 30 juin 2011 les résultats de la deuxième étude sur l'exposition de 20.000 produits alimentaires à 361 substances chimiques.
Concernant les phytos, 283 substances ont été recherchées dans 194 des 212 types d'aliments étudiés. Finalement, des valeurs toxicologiques de référence (VTR) ont été définies pour 254 de ces substances, qui ont donc pu faire l'objet d'une caractérisation du risque.
Pour 244 substances, le risque peut être écarté pour la population. Une seule substance présente des dépassements de la VTR, il s'agit du diméthoate, insecticide en vigne, culture fruitière et légumière. « Ces dépassements de la VTR sont associés à la détection du diméthoate dans des cerises et ne concernent que les forts consommateurs de cerises : le risque peut donc être écarté mais doit néanmoins être relativisé au regard de la consommation effective de ce fruit tout au long de l'année », tempère l'Anses.
Pour les 9 autres substances (dithiocarbamates, éthoprophos, carbofuran, diazinon, méthamidophos, disulfoton, dieldrine, endrine et heptachlore), « il est impossible de conclure quant au risque en raison de niveaux d'exposition excédant les VTR dans le cas de l'hypothèse haute qui majore les teneurs et donc les expositions », précise l'Anses.
A ce jour donc, « sur ces 10 substances, seuls le diméthoate, l'éthroprophos et la plupart des dithiocarbamates font encore l'objet d'usages autorisés en Europe. Les limites maximales de résidus (LMR) de toutes ces substances sont en cours de révision par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) », précise l'Anses.
L'agence recommande donc de réaliser des analyses complémentaires en abaissant les limites analytiques pour ces 10 substances, afin d'affiner les calculs d'exposition.
Concernant toutes les substances chimiques, le risque peut être écarté pour 85 % des substances. En revanche, pour une douzaine de substances ou familles de substances, le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence « ne peut être exclu ».
Il peut s'agir d'aliments « pas nécessairement très contaminés mais très consommés », comme le pain, contenant cadmium, plomb, mycotoxines, les pâtes (aluminium), le café (cuivre, arsenic inorganique, acrylamide), le lait chez les enfants (plomb, arsenic inorganique).
On trouve aussi des mycotoxines et trop d'acrylamide dans les frites, trop de sulfite dans le vin, un risque pour les gros consommateurs.
Du côté des polluants organiques persistants, on trouve des dioxines et PCB dans 86 % des produits analysés, mais l'exposition de la population a été fortement diminuée en cinq ans.
Il conviendrait de « réduire les teneurs de ces contaminants dans les aliments principalement contributeurs », par des réglementations et des actions auprès des filières, estime l'Anses.
« Cette étude montre que les risques tant nutritionnels que chimiques peuvent être minimisés en évitant de consommer régulièrement un petit nombre d'aliments en grandes quantités », conclut l'Anses, qui prône une nouvelle fois une alimentation diversifiée.
Lire également :
- Phytos : l'étude de l'Anses « ne prend pas en compte l'interaction des molécules entre elles » (MDRGF) (30 juin 2011)
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