Visionnez l'interview de François Lucas, président de la Coordination rurale. |
«Cette redistribution des aides n'a pas de sens, ou du moins nous avons du mal à le percevoir», a déclaré mercredi à Paris François Lucas, président de la Coordination rurale, en réaction à l'annonce faite le 23 février par Michel Barnier.
Le président du syndicat a avoué ne pas être surpris du détail de cette redistribution dont il avait «une idée précise» depuis le mois de novembre, mais il a souligné sa déception.
Les références historiques «n'ont plus de sens», a renchéri François Lucas. Mais pour autant leur abandon ne lui semble pas être une solution.
Les éleveurs à l'herbe n'attendaient pas d'aides supplémentaires, a-t-il indiqué. Au contraire, dit-il, «ils ne veulent plus en dépendre».
François Lucas regrette que la réforme de la Pac n'intervienne pas plus en profondeur. Le seul moyen, selon lui, de venir en aide à toutes les productions agricoles, car «tous les secteurs vont mal».
D'ailleurs, cette redistribution des aides est «un palliatif, un cataplasme sur une jambe gangrenée», le membre atteint étant bien sûr l'agriculture française, selon la métaphore du syndicaliste.
L'enveloppe prévue par Michel Barnier pour développer les protéines végétales en France (40 millions d'euros) signe «la dissolution de la Pac», selon F. Lucas. Pour le président de la Coordination rurale, cette bataille doit se mener avec une «logique européenne et non pas hexagonale».
Chaque Etat membre est en train de reprendre en main sa politique agricole, déplore François Lucas, et dans le cas des protéines végétales, chaque pays va «essayer de sauver les meubles», instaurant le retour à une concurrence transfrontalière.
Quant au dispositif de l'assurance récolte annoncé par le ministre le lundi 23 février 2009, «ce sont les assureurs qui vont faire des affaires», a-t-il expliqué. «Contre la sécheresse, a-t-il conclu, la meilleure assurance reste l'irrigation.»
La Coordination rurale qui n'avait «rien demandé» attend de voir comment ces assurances vont se mettre en place, tout en craignant l'instauration d'un système obligatoire qui pratiquerait des «ponctions sur la valeur ajoutée» créé par les agriculteurs.