Les autorités sanitaires ont agréé 55 sites d'abattage ponctuels pour célébrer mardi la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir, mais la communauté estime qu'on est encore loin du compte.
Soucis d'hygiène et de sûreté alimentaires doivent, le temps d'une journée, trouver à s'accorder avec les aspirations à la fête, qui commande le sacrifice d'un agneau à l'issue de la Grande prière de l'Aïd.
Selon le Conseil français du culte musulman, 130.000 à 135.000 agneaux sont abattus pour l'occasion et 4.000 à 4.500 veaux – qui ont la préférence de la communauté turque, a indiqué à l'AFP le porte-parole du CFCM, Abdallah Zekri.
« Nous avons désigné 55 établissements et sites d'abattage temporaires aux normes, disposant d'un inspecteur sanitaire et de sacrificateurs formés », selon le directeur général de l'alimentation (DGAL), Patrick Dehaumont, qui s'exprimait devant des députés.
Depuis le 1er janvier 2013, a-t-il rappelé, le personnel chargé de la mise à mort rituelle (sans étourdissement) des animaux doit disposer d'un certificat de compétences délivré par le préfet de son domicile.
Pour la communauté musulmane, le compte n'y est pas, loin s'en faut : « On compte encore de nombreuses régions sinistrées, comme le Languedoc-Roussillon ou le Midi-Pyrénées, le Centre ou le Limousin », affirme Abdallah Zekri, pour qui il en faudrait « une bonne centaine de plus ».
C'est notamment une question de répartition sur le territoire. Mais, même dans une Région comme la Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), pourtant bien équipée avec une trentaine de sites, « on a des problèmes : à Nîmes, le grand abattoir de la ville a été fermé car il n'est plus rentable », rapporte-t-il.
« Les centres de formation ont fait des efforts pour habiliter les sacrificateurs », assure M. Dehaumont. Mais pour le président de l'Observatoire des abattoirs, Eric Barnay, « les organismes de formation sont complets depuis des mois ». Il doute du coup des capacités des établissements existants à « faire de la place aux abattages rituels » pour l'Aïd, faute de personnel agréé.
Les abattoirs traditionnels, dont la production est en baisse, ne demandent qu'à pouvoir pratiquer l'abattage rituel. Ces professionnels s'irritent des polémiques sur des viandes abattues selon le rite halal et qui seraient vendues dans les circuits traditionnels. « Seules 4 % des viandes résultant d'un abattage rituel se retrouvent sur le marché, hors circuit spécialisé », a affirmé le président d'Interbev, Dominique Langlois, devant les députés.