Les Etats-Unis sont très préoccupés par l'orientation prise par les discussions engagées à Genève dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), a déclaré lundi la représentante américaine au commerce Susan Schwab.
«Nous sommes très préoccupés par l'orientation qu'ont pris deux pays», a indiqué Mme Schwab alors que des discussions se tiennent depuis une semaine à Genève en vue de parvenir à un accord sur la libéralisation du commerce international dans le cadre du cycle de Doha entamé en novembre 2001.
Mme Schwab n'a pas identifié ces deux pays mais des diplomates américains les avaient précédemment identifiés comme étant l'Inde et la Chine.
La négociatrice a fait ces déclarations à l'issue d'une nouvelle réunion lundi du Groupe des Sept qui réunit les Etats-Unis, l'Union européenne, la Chine, le Japon, le Brésil, l'Inde et l'Australie, soit les sept principales puissances commerciales mondiales.
«Nous avions pris vendredi un véritable chemin vers une conclusion fructueuse du cycle de Doha», a rappelé Mme Schwab. «Nous sommes maintenant dans une situation où un des pays n'était pas partie à l'accord initial et un autre revient sur les engagements qu'il avait pris vis-à-vis des autres vendredi», a-t-elle souligné.
Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a pour sa part affirmé peu avant les déclarations de Mme Schwab que les négociations étaient «à un moment très difficile». «Nous avons atteint un moment difficile dans une partie très difficile et compliquée des négociations», a-t-il dit.
Les négociateurs «ont besoin de plus de temps, ils ont besoin d'étudier différentes options techniques, et à la fin de la journée (...) nous arriverons à une solution seulement s'ils font preuve de flexibilité, s'ils montrent leur capacité à adopter une position forte», a-t-il ajouté.
Revenant sur l'accord qui avait été trouvé vendredi au sein du Groupe des Sept, Susan Schwab a rappelé avoir dit alors que «si on tirait un fil, tout risquait de s'effilocher». «En conséquence, il y a une véritable menace sur l'équilibre délicat auquel nous étions parvenus vendredi soir et je m'inquiète que cela menace le résultat» de ce cycle de négociations, a ajouté la négociatrice américaine.
L'Inde avait dès vendredi fait part de ses réserves sur la proposition de compromis soumise au Groupe des Sept par le directeur général de l'OMC Pascal Lamy mais la Chine avait initialement laissé entendre qu'elle s'y rallierait.
Kamal Nath, le ministre indien du commerce extérieur, a rappelé lundi qu'il ne s'était pas rallié vendredi au consensus trouvé entre les six autres pays. «La bonne nouvelle est que les négociations continuent», a-t-il souligné au sortir de la réunion du Groupe des Sept, en se disant «toujours optimiste».
Mais il a déploré qu'il n'y ait eu aucun progrès depuis vendredi sur certains secteurs comme le coton, les subventions nuisant aux échanges commerciaux et la clause de sauvegarde.
«Certains pays développés disent que certains grands pays émergents sont un problème. Et bien, nous sommes grands et nous sommes émergents, personne ne peut le contester», a lancé M. Nath.
Les Chinois se sont défendus lundi de bloquer les négociations, accusant au contraire les Etats-Unis de demander une baisse trop importante des tarifs douaniers pratiqués par les pays en développement sur certains produits, comme le coton, sans envisager de leur côté une baisse, voire une élimination, des subventions qu'ils versent à leurs producteurs pour ces mêmes produits.
La France, qui exerce actuellement la présidence de l'Union européenne, avait pour sa part indiqué avant les déclarations de Mme Schwab que Paris ne juge «pas acceptable en l'état» le projet de l'OMC, invoquant notamment «la défense de nos intérêts industriels européens face aux pays émergents».
