Les agriculteurs du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie doivent faire face à une prolifération exceptionnelle de lapins de garenne… sans réelles perspectives de voir leur population décroître.
«C’est impressionnant, dans le secteur, nous n’avons jamais connu de tels dégâts de lapins, constate Hugues Bécret, agriculteur à Chéry-les-Pouilly, près de Laon dans l’Aisne. Dans l’une de mes parcelles de blé, cinq hectares ont été véritablement tondus par les lapins pendant tout l’hiver. Les plantes tentent de repartir mais je ne sais pas du tout si elles réussiront à prendre le dessus.»
Dans les cantons de Laon et de Crécy-sur-Serre, plus de quarante agriculteurs sont touchés par cette prolifération de lapins de garenne. «Près de Laon, un agriculteur a été obligé de retourner 15 des 20 ha de colza qu’il avait ensemencés. Il a semé à la place de l’orge, qui est à nouveau mangée par les lapins», indique-t-il.
Dans le département du Pas-de-Calais, la FDSEA qui a conduit une enquête auprès des agriculteurs estime à près de 800 ha les surfaces détruites. Dans la Somme, le syndicat en a recensé environ 1.000 ha. Les parcelles situées le long des autoroutes, des lignes SNCF et des rocades, ou à proximité des zones industrielles sont les plus touchées.
«Cette pullulation de lapins est sans doute due à une moindre virulence de la myxomatose et de la VHD (Viral Hemorrhagic Disease), explique Pascal Liénard, de la Fédération de chasse de l’Aisne. Mais l’été humide que nous avons eu en 2007 a aussi favorisé le maintien d’une végétation abondante à l’automne. Ce qui a permis d’assurer une très bonne lactation chez les lapines et la survie d’un nombre de lapereaux beaucoup plus important que d’habitude.»
Dans tous les départements, les agriculteurs se mobilisent pour demander des autorisations pour tirer le lapin hors période de chasse, ou pour anticiper l’ouverture de la chasse. Ils essaient de rencontrer les sociétés de gestion d’autoroute et la SNCF pour tenter de mettre en place des dispositifs de protection… mais semblent bien impuissants face à cette prolifération sans précédent.
Aucune indemnisation prévue «Contrairement aux dégâts de sangliers par exemple, il n’est prévu aucune indemnisation de la part de la Fédération de chasse pour les destructions de cultures par les lapins, remarque Odile Dalle, responsable du service foncier à la FDSEA de la Somme. Les agriculteurs ne peuvent se retourner que contre le propriétaire de la parcelle et le titulaire du droit de chasse qui doivent faire en sorte de contrôler le développement des lapins.» |