L'Afdi (Agriculteurs français et développement international) vient d'organiser deux jours de rencontres internationales à Tours. A l'heure où éclatent dans une trentaine de pays des émeutes de la faim, les participants venus d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie ont rappelé que ne pas soutenir l'agriculture familiale serait une position suicidaire.
Le rapport de l'Afdi l'affirme, les intervenants africains en particulier l'ont martelé: la promotion des agricultures familiales paysannes est la voie à privilégier pour sortir de l'impasse actuelle. Ces agricultures concilient à la fois un approvisionnement régional en produits agricoles, la création d'emplois et de richesses en milieu rural et la gestion raisonnée et durable des ressources naturelles.
Ces agricultures ont pourtant été malmenées par la libéralisation des échanges et l'importation de produits agricoles concurrents à bas prix. Elles sont mises en danger par les politiques agricoles qui favorisent les investissements extérieurs et l'agrobusiness. De plus, les changements climatiques perturbent profondément ces agricultures fragiles et sensibles aux changements.
Pour leur donner un nouvel élan, l'Afdi veut que soit encouragée la coopération de paysans à paysans et les échanges d'expériences. Elle propose aussi d'accompagner la création ou le renforcement d'organisations paysannes dans les pays du Sud, sans modèle préétabli.
Le premier défi est de sortir de la misère les agriculteurs pauvres: sur 1,3 milliard de producteurs agricoles actifs dans le monde, 600 millions n'arrivent pas à s'alimenter suffisamment. La défense des agricultures familiales passe par la reconnaissance d'un droit à la souveraineté alimentaire et surtout par la volonté politique des Etats de défendre cette agriculture familiale: certains pays comme le Mali et le Sénégal viennent d'élaborer une loi d'orientation agricole.
L'agriculture paysanne qui pourrait en priorité fournir les marchés de proximité souffre toujours de la volatilité des cours qui, quand ils sont bas, condamnent les paysans à la pauvreté, et quand ils sont élevés, empêchent les consommateurs pauvres d'acheter les denrées nécessaires à leur survie. La défense de cette agriculture familiale passera donc par la mise au point de protections tarifaires.
L'Afdi adoptera en juin son rapport d'orientation définitif et dégagera les pistes d'action à venir.