Visionnez les interventions de Michel Ferret et Monique Meizels. |
La quantité exceptionnelle se conjugue cette année avec une qualité exceptionnelle pour les blés français. Avec une production nationale de 37,5 millions de tonnes (Mt), plus de 20 Mt sont classées «haut de gamme» par FranceAgriMer et 14 Mt sont de bonne qualité internationale, donc valorisables en meunerie comme à l'exportation. «Cette belle moisson comblera tous les besoins», se félicite l'office.
En revanche, «l'Amérique du Nord est confrontée à une moindre disponibilité en blés à fort taux de protéines», a constaté Michel Ferret, responsable du service des marchés et études de filières de FranceAgriMer, mercredi, à l'issue du conseil spécialisé des grandes cultures.
Même chose en Allemagne, pays réputé pour la force de ses blés et dont les taux seraient en dessous de la moyenne pluriannuelle de 12,5%. Il pourrait donc y avoir un déficit de blés à forte teneur en protéines sur le marché mondial. L'azote était plus cher cette année, ce qui a pu entraîner une baisse des apports et impacter les taux de protéines.
En France, le taux est également légèrement décevant, à 11,3 % en moyenne. «Les rendements d'objectifs ont souvent été dépassés et les protéines se sont retrouvées diluées dans le grain», analyse Rémi Haquin, président du conseil spécialisé.
Au niveau mondial, «le bilan du blé est largement excédentaire avec une reconstitution des stocks à hauteur de 28,5% de la consommation, selon les derniers chiffres du Conseil international des céréales. C'est un bilan très large en regard de la ligne rouge de la FAO située à 18,5 %», ajoute Michel Ferret.
En regard, le bilan mondial du maïs serait beaucoup moins confortable. Ainsi, le blé devrait être plus compétitif que le maïs en alimentation animale et FranceAgriMer prévoit une hausse des utilisations françaises vers ce débouché à 5,6 Mt en 2009-2010 contre 5,2 Mt en 2008-2009.
Alors que Bruxelles a planifié le démantèlement des outils de régulation de marché, cette année pourrait bien marquer un recours massif à ce qu'il reste de ces protections. La pression sur les prix est telle en orge qu'elle pourrait être mise largement à l'intervention.
Les organismes stockeurs rechignent à recourir au stockage public à cause des contraintes qualitatives et administratives imposées, mais pourraient s'y voir obligés par la lourdeur du marché.
Rémi Haquin s'est inquiété de la disparition prochaine de tout système d'intervention et de son remplacement par le système d'adjudication jugé moins sécurisant: «Nous ne pourrons pas nous passer de système de régulation, il faudra en réinventer.»