Produire à terme plus d’énergie qu’elle n'en consomme, c’est le défi que s’est fixé sur plusieurs années la ferme expérimentale d’AgroParisTech (550 ha, 1,2 million de litres de lait de quota laitier) au travers de son projet «Grignon Energie positive».
L’équipe de chercheurs a restitué mardi, lors d’un colloque, les premiers résultats d’un travail entamé il y a déjà trois ans. Pour mener à bien cette première partie du projet qui a surtout visé la sobriété énergétique sans compromettre le résultat financier de l’exploitation, ni sa capacité à nourrir un grand nombre de personnes, plusieurs outils de diagnostic ont été combinés entre eux, notamment Planète et PerfAgro.
Des compteurs divisionnaires (eau, électricité, gaz) ont été posés pour avoir une comptabilité analytique et des carnets de bord introduits dans les tracteurs pour noter les consommations de fioul et les temps de travaux. L’originalité de la démarche vient du fait que, ensemble, ces outils donnent une image continue et détaillée, par atelier de production et par quantité de produit sorti, de la performance énergétique et de l'effet de serre.
Si la ferme consomme autant d’énergie fossile que 102 habitants et émet autant de gaz à effet de serre que 440 habitants, elle peut nourrir entre 7.500 et 9.500 personnes, tout en dégageant un chiffre d'affaires de 1,66 million d'euro et une marge de 84.663 € (chiffres de 2005).
Les simulations ont montré qu’il était possible de réduire jusqu’à 70% la consommation d’énergie fossile (par une généralisation de la jachère) mais que cela se faisait en sacrifiant la fonction nourricière de la ferme et le résultat économique. Sans aller jusqu’à ce scénario extrême et absurde, c’est la recherche d’un compromis entre les trois exigences mentionnées plus haut qui a servi de guide.
Olivier Lapierre (AgroParisTech) a montré qu’il était possible d’augmenter de 15% l’efficacité énergétique de la ferme tout en ne réduisant que de 5% la marge économique de l’exploitation. Autrement dit, le levier de la performance énergétique réagit trois fois plus vite que celui de la performance économique.
Le diagnostic posé en 2006 a permis de repérer les postes les plus impactants en termes d’énergie et d’effet de serre. D’ores et déjà, les voies d’amélioration suivantes ont été mises en œuvre sur la ferme: pâture pour les génisses et les vaches taries, culture de luzerne, introduction du tourteau de colza gras, foin de luzerne, récupération de menue paille, évolution vers le non-labour, nouvelles cultures (switchgrass et miscanthus). La consommation énergétique par litre de lait est ainsi passée de 4 mégajoules en 2006 à 2,5 en 2008.
Consultez cet article:
Performance énergétique: le plan Barnier présenté avant le 15 novembre (28/10/2008)