« L'arrivée des hors-cadres familiaux en agriculture constitue une révolution bien plus forte que la révolution silencieuse de Debatisse », a analysé le sociologue Jacques Abadie, lors du colloque organisé jeudi par Jeunes Agriculteurs (JA) et le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), sur l'installation des hors-cadres.
Une diversité d'institutionnels et de professionnels (Réseau rural, chambres d'agriculture, ministère, Confédération paysanne, Gaec et Société, Fnab, Safer...) s'étaient réunis pour participer aux échanges de la journée. Objectif : mieux connaître les hors-cadres familiaux et leurs besoins spécifiques.
Le MRJC et JA leur ont présenté à cette occasion les résultats d'une étude réalisée auprès de 230 hors-cadres familiaux (HCF) répartis sur l'ensemble du territoire. Téléchargez les résultats de l'étude « Enquête nationale sur les hors-cadres familiaux en agriculture qui sont-ils et quels sont leurs besoins ? ».
Selon cette enquête, 55 % des HCF ont créé leur exploitation, les reprises ne concernant que 34 % des cas. Presque deux tiers des sondés se sont installés en individuel. En outre, la majorité des installations se fait en maraîchage (15 %) et privilégie la vente directe.
Concernant les difficultés rencontrées dans leur parcours, les personnes interrogées citent en premier lieu la recherche du foncier et les difficultés financières en amont de l'installation, et pour l'après : la gestion administrative, le faible revenu, la gestion vie privée/vie professionnelle, la vente...
Diverses initiatives d'accompagnement des hors-cadres ont par ailleurs été présentées aux participants : des formations spéciales dans la Saône-et-Loire (« oser faire le pas ») et dans le Vaucluse (« devenir écopaysan »), une pépinière d'entreprises dans la Drôme, un tutorat dans le Poitou-Charentes, un « prêt d'honneur » dans le Périgord permettant un meilleur accès au crédit bancaire, Terre de liens pour faciliter l'accès au foncier...
Anticiper les transmissions
Tous les intervenants ont relevé « l'enjeu fort » de la transmission et les efforts à faire en la matière. Avec un constat partagé : la « sous-exploitation » des outils existants, comme le répertoire départemental à l'installation (RDI), par exemple.
« Attention à ne pas multiplier les dispositifs, a prévenu Mathieu Salvi, secrétaire national du MRJC. Mais le pire qu'on pourrait faire serait de les uniformiser ! Il faut des outils différents pour répondre à la diversité des cas ».
Ce dernier a également souligné avec l'assemblée « le besoin de décloisonnement entre les acteurs du monde rural et la nécessité d'une intervention des politiques d'installation plus large, en amont du point info, pour répondre aux besoins en matière de logements ou d'actions socioculturelles ».
Parmi les intervenants, Jérôme Mater, chef du bureau de l'installation au ministère de l'Agriculture, a indiqué qu'un comité national installation-transmission sera prévu par la loi d'avenir, pour « rassembler tous les gens qui ont participé aux Assises de l'installation et fédérer tout ce qui se fait sur le territoire ».