Le ministère de l'Agriculture a réuni le 24 juillet les représentants du monde agricole appelés à participer aux six groupes de réflexion du Grenelle de l'environnement, constitués au début du mois.
Représenté seulement dans quatre de ces groupes, «le ministère de l'Agriculture veut se faire une idée de l'organisation des travaux», rapporte Jacques Pasquier, de la Confédération paysanne.
Organisations professionnelles agricoles, syndicats, Inra... au total, une quarantaine de professionnels sont venus livrer leur ressenti. «Il n'y a visiblement pas beaucoup de concertation ni de confiance entre les deux ministères», constate déconcerté Henri Thepault, de la Fnab (Fédération nationale de l'agriculture biologique).
A l'unanimité, la palme de «l'organisation la plus calamiteuse » revient au groupe 4, consacré à l'agriculture. «La réunion n'était pas structurée, il n'y avait ni assez de temps, ni de place pour accueillir la cinquantaine de participants», raconte François Lucas, président de la Coordination rurale. Un premier contact qui ne lui a pas inspiré confiance.
La FNSEA exprime aussi des doutes quant au fonctionnement des travaux. «Les groupes ne sont pas pilotés efficacement. Je ne sais pas où cela va nous mener», s'interroge Jean-Bernard Bayard.
«Les organisations agricoles sont déjà sur la défensive à l'égard des ONG, estime Henri Thepault de la Fnab. J'ai peur qu'il n'y ait pas de volonté agricole d'être moteur. Il ne faudra pas se contenter de mettre aux normes et de promouvoir l'agriculture raisonnée.»
Selon Jacques Pasquier, de la Confédération paysanne, «les associations environnementalistes sont surreprésentées», pouvant ainsi obtenir une plus grande écoute. D'autant plus que «les écologistes ont le temps de propager leurs idées via internet alors que nos paysans sont en pleines moissons», assène François Lucas.
Des idées tous azimuts
Chacun y va de ses propositions. La Fnab fixe comme objectif 10% de la SAU en bio en 2012, grâce notamment à une réorientation des aides de la Pac.
La fédération France nature environnement (FNE) propose en outre de consacrer 10% de la SAU de chaque exploitation à la biodiversité (haies, bandes enherbées...) et de diviser par deux en cinq ans la quantité de pesticides utilisée en France (formation obligatoire, permis à points, interdiction des traitements aériens, zone-tampon non traitée à proximité des habitations). Elle propose aussi la création d’une redevance sur les excédents d’azote et sur le phosphore d’origine agricole, et appelle à multiplier par 100 le taux d’imposition sur les pesticides.
La Coordination rurale préfère faire des recommandations préalables. Elle suggère notamment que soient pris en compte dans la réflexion sur des modes de production agricoles plus durables, «les besoins des citoyens et non leurs attentes» et que les réflexions soient fondées sur «des vérités prouvées, si possible scientifiquement, plutôt que sur des impressions».
L'APCA (assemblée permanente des chambres d'agriculture) formule des propositions «en cohérence avec les orientations stratégiques pour une agriculture durable qui assure la sécurité alimentaire». Les chambres d'agriculture ont ainsi publié mercredi soir six fiches déclinant des propositions concrètes pour chaque objectif: agir pour l'équilibre des territoires; encourager les entreprises respectueuses de l'environnement; développer la durabilité des ressources naturelles; valoriser la biodiversité; contribuer à la lutte contre les changements climatiques; responsabiliser les acteurs).