Lors d'une conférence organisée lundi par le Crédit Agricole du Nord-Est et la FDSEA de la Marne dans le cadre de la 68e foire de Châlons-en-Champagne, des experts nationaux et régionaux ont tenté de répondre à la question suivante : « Comment relever le défi des grandes cultures ? »
Notre modèle agricole se confronte à des limites de plus en plus nombreuses. Notre agriculture doit s'adapter aux normes environnementales et aux changements climatiques tout en restant compétitive. Telle est l'équation que cherchent à résoudre tous les acteurs du monde agricole. Des pistes de réflexion se construisent et des initiatives se développent mais les solutions ne sont pas faciles à élaborer et leur concrétisation, encore moins.
Le pilier économique de l'« agriculture durable » reste primordial dans les discours. En effet, il est essentiel que les agriculteurs dégagent un revenu durable et correct de leur activité. La compétitivité avant tout. François Gatel, directeur de France Export Céréales, rappelle alors que « les exportations de la France représentent la moitié de ses utilisations en céréales ; les producteurs sont donc dépendants de ces exportations. Il s'agit alors de renforcer notre positionnement sur les marchés extérieurs, d'autant plus que la régularité de notre production céréalière, grâce à des avantages climatiques, pédologiques et de structuration des filières, est un réel avantage par rapport à d'autres origines, et notamment pour le blé ». On parle alors productivité, augmentation des rendements. Christian Rousseau, vice-président de Coop de France métiers du grain, propose « d'envisager trois récoltes par an pour produire plus ».
Par ailleurs, c'est en adaptant nos pratiques culturales, en renforçant la recherche sur la génétique et en améliorant la gestion de l'eau qu'il est possible de défier le changement climatique et de s'adapter aux exigences environnementales, qui sont en réalité perçues comme des contraintes. Plus concrètement, il faut « mieux comprendre les processus de fertilité physique du sol pour adapter la fertilisation chimique, composer des paniers de variétés aux profils génétiques différents et adaptées à chaque région, accentuer les recherches sur les stimulateurs des défenses naturelles des plantes pour diminuer l'usage de phytosanitaires, par exemple », expose Jean-Paul Bordes, responsable du département de R&D d'Arvalis. Ainsi, « la solution est multifactorielle ».
En ce sens, Maximin Charpentier, président de la chambre d'agriculture de la Marne, rappelle l'importance « d'une mise en réseau des acteurs », un décloisonnement des filières pour la « construction d'un projet de territoire et l'acquisition de références ». Ces systèmes seront source d'innovation, une innovation qui n'émane pas seulement de la recherche. Car il y a des agriculteurs innovants. « Et c'est cette innovation que la science doit reprendre pour la diffuser », conclut Christian Rousseau.