Le Modef et la fédération de Paris du PCF (parti communiste) organisent jeudi, avec des producteurs du Sud-Ouest, la vente, à Paris et dans sa banlieue, de 60 tonnes de fruits et légumes, dont 17 tonnes sur la place de la Bastille.
Des centaines de Parisiens et de banlieusards se pressaient jeudi matin sur la place de la Bastille à Paris pour profiter de la vente au «juste prix» de fruits et légumes.
Arrivé dès 7 heures, Philippe (32 ans) a la chance de ne pas avoir trop attendu. «C'est très intéressant, surtout que normalement je fais mes courses dans une grande épicerie qui est chère», déclare-t-il en repartant avec un filet de 5 kg de pommes de terre (5 euros), 6 kg de tomates (9 euros), trois melons (4 euros).
Tomates, melons, pommes, nectarines, brugnons, raisins... Une quinzaine de producteurs de fruits et légumes sont partis la veille au soir de leur région de Marmande avec 60 tonnes de marchandises, qui ont été réparties entre Paris et la banlieue.
«La crise que nous subissons est terrible», enchaîne Raymond Girardi, président du Modef du Lot-et-Garonne, à l'origine, comme chaque année, de cette manifestation. Selon lui, un producteur de fruits et légumes sur deux «a disparu depuis 10-15 ans».
«Pour les tomates, nous sommes payés entre 40 et 60 centimes le kilogramme alors qu'il nous faudrait 75 centimes», argumente-t-il avant de lancer: «Si cela continue, dans quelques années il n'y aura plus de production nationale.»
Première responsable à ses yeux, la grande distribution qu'il souhaite «ramener à la raison». «Les deux tiers du prix payé par le consommateur représentent la marge des centrales d'achat», affirme-t-il. Il prône «un retour du coefficient multiplicateur», qui permettrait de «payer le juste prix aux producteurs et que le consommateur puisse avoir accès aux produits à un prix abordable».
Un discours qui convainc sans peine Joëlle, Aline, Véronique et Ilham, quatre femmes âgées de 30 à 60 ans, venues de Paris et de sa banlieue, qui ont fait connaissance dans la file d'attente.
«C'est l'occasion d'acheter des fruits que nous n'avons pas encore mangés cette année»; de plus, «cela aide les producteurs», déclarent-elles. Ilham se réjouit aussi de pouvoir acheter des «produits de qualité alors que dans les grandes surfaces, les fruits et légumes n'ont plus de goût».
A 9 heures, les files d'attente débordent déjà des trottoirs. «Il y a plus de monde que l'an dernier», note M. Girardi. Certains se découragent et rebroussent chemin.
La numéro un du parti communiste, Marie-George Buffet, qui participait à l'opération, s'est alarmée de la «situation extrêmement difficile des agriculteurs, spécialement ceux des fruits et légumes, qui ne se voient pas assurer des prix rémunérateurs».
Le gouvernement «veut continuer une politique qui a montré son incapacité à résoudre cette crise économique que nous connaissons, cette crise de l'agriculture que nous connaissons», a-t-elle expliqué.
Elle a prôné la mise en place «dès septembre» de mesures sur les salaires, sur les prix agricoles. «Que le gouvernement, qui a la présidence de l'UE, prenne des dispositions réelles par rapport à la Pac mais aussi contre le dumping social qui se mène au sein même de l'UE. Il faut que (la présidence française) porte des propositions alternatives au sein de l'OMC», a-t-elle dit.