Les professionnels de la filière du bois étaient réunis mardi lors d'un colloque organisé par l'Inra, près de Bordeaux. Faisant suite à la tempête du 24 janvier 2009 et dans une situation de marché difficile, la filière est en crise. Dans l'attente des financements du plan relatif aux chablis, la profession s'inquiète. Outre l'urgence de valoriser le bois tombé, elle pense aussi à la reconstitution rapide des parcelles sinistrées.
«Nous avons eu deux tempêtes centennales en dix ans», a résumé Jean-Michel Carnus, de l'Inra de Bordeaux, lors du colloque «Syliviculture, forêt et tempête» organisé par l'Institut le 30 juin 2009 à Pessac, près de Bordeaux.
Cinq mois après la tempête du 24 janvier qui a touché 42,5 millions de mètres cubes, dont 37,1 millions de pin maritime, sur 685.000 hectares en Aquitaine, le traumatisme est toujours présent. La première évaluation situe à environ 1,5 milliard d'euros le préjudice pour la forêt alors que le marché du bois est en récession.
Sur le terrain, les actions ont devancé les financements. Des aires de stockage en aspersion ont rapidement vu le jour pour ne pas perdre le bois tombé. «Nous avons des partenariats avec des industriels pour écouler le bois dans trois, quatre ans à un prix déjà défini», a souligné Henry Chaperon, directeur de la Cafsa (Coopérative agricole et forestière sud-atlantique).
«Mais nous attendons les aides du plan "chablis" de l'Etat: si nous ne recevons rien d'ici au 20 août, nous serons obligés d'arrêter le stockage et l'exportation», a-t-il poursuivi. Le temps presse d'autant plus que les chablis se dégradent, sous l'effet d'attaques de champignons et d'insectes
«A ce jour, les aires ne sont opérationnelles que pour 5% des intentions de stockage fixées à près de 8,5 millions de mètres cubes et la mobilisation des bois reste très modeste en l'absence de débouché», a regretté Guillaume Chantre, du FCBA (Institut technologique de la forêt, de la cellulose, du bois construction et de l'ameublement). La crise économique n'est pas étrangère à cette situation.
«L'Etat ne dispose que de moyens limités face à la gravité des dégâts», a-t-il ajouté, déplorant l'absence de système assuranciel. «En dépit de garanties apportées par l'Etat aux prêts bonifiés qu'il propose, les banques sont tétanisées par la crise financière internationale», a-t-il estimé.
Mais outre le financement, une sortie de crise durable devra passer par un nouvel aménagement des territoires. «Il va nous falloir produire plus et mieux sur des espaces qui seront convoités», notamment par les cultures ou la construction de panneaux photovoltaïques et d'éoliennes, a conclu Yves Lesgourgues, du CRPF (Centre régional de la propriété forestière) de l'Aquitaine.
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