Les agriculteurs américains ont l'intention de semer cette année 36,6 millions d'hectares (Mha) de maïs, selon les chiffres publiés vendredi par le ministère américain de l'Agriculture (USDA). Cette surface serait supérieure de 15% à 2006 et se situerait à son plus haut niveau de puis 1944. Il faut dire que les farmers sont motivés par les cours de la campagne actuelle, dopés par l'impressionnante progression de la demande pour l'éthanol.
C'est notamment le soja qui ferait les frais de cette évolution, puisque les semis pourraient diminuer de 11% par rapport à 2006, à 27,17 Mha. Il s'agirait de la plus faible surface pour cette culture depuis 1996. On peut également noter que la culture du coton, prévue à 4,9 Mha, diminuerait de plus de 20%.
Les semis de blé progresseraient quant à eux globalement de 5% par rapport à l'année dernière, à 24,4 Mha. Le blé d'hiver (18 Mha) progresserait de 10%, tandis que les semis de printemps (5,6 Mha) diminueraient de 7%. Le blé dur (805.000 ha) serait en augmentation de 6%.
Ce rapport, attendu depuis des mois par le marché, était qualifié vendredi d'«unique» par certains analystes, de «rapport de la décennie» par d'autres.
«Habituellement, le nombre d'hectares consacré à une culture spécifique change marginalement d'une année sur l'autre», relève Bill Nelson, analyste d'AG Edwards.
Mais en 2007, «les agriculteurs américains devraient procéder à la plus grande mise en culture de maïs depuis 1944, quand les Etats-Unis avaient dû produire beaucoup pour nourrir les Européens en guerre», relève Christopher Hurt, économiste spécialisé dans l'agriculture à l'université Purdue (Indiana).
La place de choix accordée au maïs s'explique aujourd'hui par une demande croissante pour l'éthanol, biocarburant fabriqué aux Etats-Unis exclusivement à partir de cette céréale. « L'an dernier, 2,1 milliards de boisseaux de maïs ont été utilisés pour produire de l'éthanol aux Etats-Unis, un volume qui pourrait atteindre 3,5 milliards l'an prochain», note Don Roose, analyste de US Commodities.
L'augmentation de la demande a récemment propulsé les prix du maïs à des niveaux plus vus depuis dix ans, le contrat pour livraison en décembre dépassant même le seuil de 4 dollars pour la première fois de son histoire.
Selon les intentions de semis dévoilées vendredi, c'est aussi la géographie agricole des Etats-Unis qui devrait bientôt se transformer.
Si le Midwest américain va rester le berceau du maïs, les Etats du Sud, tels que la Louisiane, le Mississipi, la Georgie, l'Arkansas ou l'Alabama, actuellement les plus gros producteurs de coton, envisagent de «réduire cette production de 20% au profit du maïs», note M. Nelson.
«En baissant cette production, les Etats-Unis pourraient peiner à satisfaire la demande chinoise au cours des prochaines années», prévient-il.
La baisse des cultures du soja va par ailleurs «rendre le monde plus dépendant de l'Amérique du Sud» pour cette production, souligne Don Roose.