Les associations d'éleveurs veulent des abattoirs de proximité, répartis sur tout le territoire.
Le quart nord-ouest de la France croule sous les outils d'abattage, alors qu'ils se font rares dans d'autres régions comme l'Auvergne ou le Sud-Ouest. Cette inégalité de moyens a servi de fil rouge au débat de l'assemblée générale des Associations d'éleveurs (Elvea France), le 15 juin 2012 à Roanne (Loire).
« Les bassins de production de viande bovine ne doivent par devenir le désert des abattoirs, alerte Gilbert Delmond, le vice-président d'Elvea France. Pourquoi ne parle-t-on pas du bilan carbone des animaux transportés pour être abattus en Bretagne ? »
Les bouchers intéressés
Ce besoin d'outils de proximité, Claude Meinier, le représentant d'un syndicat de bouchers, le partage. « Les jeunes demandent de plus en plus des formations pour acheter en vif, souligne-t-il. Nous restons très attachés à l'élevage français, et voulons nous impliquer dans les rénovations et créations d'abattoirs. »
Seulement, l'équilibre financier est difficile à atteindre pour ces petits outils. « Les grandes entreprises ont de plus faibles coûts pour retraiter les déchets, illustre Eric Barbey, président de la Fédération nationale des exploitants d'abattoirs publics (Fneap). Nous avons besoin d'un juste prix pour maintenir nos outils. Un écart de 30 centimes par kilogramme pèse sur le panier de la ménagère. »
Pour Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FNB), c'est la baisse de production qui menace le maintien des abattoirs. « Si la Pac ne prend pas en compte les préoccupations économiques des éleveurs de viande bovine, le troupeau allaitant chutera, estime-t-il. Dans les zones intermédiaires, les cultures remplaceront les vaches. »
Manque de marchandise
Les exportations en vif vers les pays tiers soulèvent aussi des inquiétudes. « L'exportation vers la Turquie a déclenché une remontée des prix mais, si tous nos animaux sont abattus hors de notre territoire », ce n'est pas bon, affirme Bernard Lebel, représentant la FNICGV, un syndicat d'abatteurs. Un sentiment dont prend conscience la FNB. « Exporter des animaux vivants est une hérésie », admet Pierre Chevalier.
Gérard Poyer, le président de la Fédération française des commerçants en bestiaux, ne partage pas cet avis. « Nous devons être présents sur les marchés où il y a de la consommation, affirme-t-il. Ce sont des prix rémunérateurs qui permettront à la production de se maintenir. Face à la restructuration des outils, le nombre d'acteurs diminue. Il est important de maintenir des PME pour entretenir la concurrence. »