« L'abstention ne ferait que donner plus de pouvoir à une Commission européenne qui en a déjà trop », considère le Modef à l'approche des élections du 25 mai.
« Pour les exploitants familiaux, la Pac c'est d'un côté un renforcement continu des contraintes de production et de l'autre une libéralisation toujours plus grande des marchés. Coincés entre le marteau et l'enclume, les paysans vivent très mal l'Europe au quotidien. Même si la réforme 2014-2020 devrait corriger certaines injustices dans la distribution des aides au profit des petits et moyens exploitants, elle n'en demeure pas moins insuffisante pour régler les problèmes de fond », souligne le Modef dans un communiqué du 14 mai.
« La Commission européenne, le Conseil et la majorité parlementaire européenne mènent une guerre sans merci contre toute forme de régulation des marchés agricoles et alimentaires. Pour ce faire, ils obligent les paysans à se faire la guerre du local au mondial, pour produire au moindre coût, et ce quelles qu'en soient les conséquences sociales, humaines, environnementales, culturelles. Cette surexploitation du travail paysan a des effets catastrophiques en Europe et dans le monde. »
« Ce pousse-misère ouvre la porte aux fonds financiers nomades ou détenteurs de capitaux en recherche de nouvelles proies dans des zones à fort potentiel productif agricole ou non agricole, comme la production de méthane, d'électricité solaire et éolienne qui ont la terre comme support (la ferme des 1.000 vaches, l'atelier d'engraissement des 1.000 jeunes bovins...). »
« De cette Europe-là, les paysans n'en veulent pas. Avec le Modef, ils revendiquent une Europe agricole qui protège les exploitants familiaux, les marchés agricoles, le foncier en prenant en compte le fait que les surfaces agricoles en Europe ne sont pas extensibles. La terre n'est pas une usine mais un milieu vivant avec qui il faut composer pour produire l'alimentation des peuples d'Europe. »
« Réguler les volumes de production et les prix, stocker, pour faire face aux baisses de production en cas d'aléas climatiques, garantir le revenu paysan et la sécurité alimentaire : l'Europe de demain devra être celle de la coopération entre paysans et plus celle de la guerre de la concurrence. »
« Le Modef attend des députés européens qu'ils construisent cette Europe agricole de la coopération, de la solidarité, en rupture avec un libéralisme qui détruit les hommes et renforce les inégalités. Les élections européennes sont l'occasion ou jamais de remettre en cause ce libéralisme dogmatique sans sombrer dans un repli nationaliste qui nous ramènerait 75 ans en arrière.
« Le Modef appelle les citoyens à s'exprimer. L'abstention ne ferait que donner plus de pouvoir à une Commission européenne qui en a déjà trop », conclut le communiqué du Modef.