C’est fait. Les opérateurs étaient de plus en plus nombreux à s’interroger à voix haute sur la réalité des chiffres de collecte de blé avancés dans les bilans de l’Office national interprofessionnel des grandes cultures (OniGC). La raréfaction des disponibilités observées sur le terrain est désormais couchée sur le papier : l’Office a réduit de près de 450 000 t le niveau de la collecte française de blé pour 2006-2007, à 29,3 millions de tonnes (Mt), lors du comité spécialisé grandes cultures du 18 avril.
« En février, que l’on appelle ''la petite collecte'' car on ressort à cette époque beaucoup de céréales des producteurs vers les OS, les livraisons ont reculé de 23 % par rapport à 2006. Au vu de ces chiffres, on est en droit d’envisager une réduction de la collecte », a expliqué Bruno Hot, directeur de l’OniGC, pour justifier cet ajustement jugé tardif par certains.
Côté utilisations, les exportations de blé français sont revues à la baisse. A 5,9 Mt, les expéditions vers pays tiers s’éloignent un peu plus encore des prévisions de 6,2 Mt envisagées au début de l’année. Les estimations de livraisons vers les pays de l’UE sont désormais fixées à 7,9 Mt, 200 000 t plus bas qu’il y a deux mois.
Cette nouvelle donne, déjà anticipée par les opérateurs, ne devrait pas bouleverser le marché. Cette confirmation officielle va néanmoins entretenir la fermeté des céréales françaises pour cette fin de campagne, d’autant que le bilan du blé tendre publié par l’OniGC rogne un peu plus encore les stocks de fin de campagne.
De 2,8 Mt en juillet 2006, ceux-ci devraient s’abaisser à 2 Mt, à peine plus qu’en 2003/2004, qui avait atteint un record historique avec 1,9 Mt. « C’est un stock final de l’ordre du stock utile », a commenté Rémi Haquin, président de l’OniGC. La France va achever la campagne avec des stocks de céréales d’intervention ramenés à zéro.
Les stocks publics européens ont eux aussi fondu au cours des derniers mois, passant de 14 Mt en juillet à moins de 5 Mt actuellement, dont 3,5 Mt de maïs hongrois. Profitant des bons prix, les Etats membres n’ont pas du tout eu recours à l’intervention en 2006-2007.
Les stocks étant au plus bas, la bonne tenue actuelle des cours déteint sur les prix de la nouvelle récolte. Sur le marché à terme parisien, l’échéance novembre 2007 du blé flirte avec les 140 €/t, environ 20 €/t au-dessus de l’échéance novembre 2006 en avril dernier. Désormais, « toute condition climatique défavorable fera décoller les prix de la nouvelle récolte », a averti Rémi Haquin.
Avant de noter que les options pour se couvrir à la hausse sur le marché à terme sont aujourd’hui de 7 €/t environ, contre 4,5 €/t l’an dernier. Signe, selon lui, que « des gens pensent que ça va monter ».