Le Brésil et les Etats-Unis ont scellé vendredi à Sao Paulo un partenariat pour développer la production et l'utilisation des biocarburants comme l'éthanol, à l'occasion de la visite du président George W. Bush.
« C'est un partenariat véritablement stratégique », a déclaré le président Lula, après avoir fait visiter à son invité une unité de stockage d'éthanol de la compagnie Petrobras dans la banlieue de Sao Paulo.
De son côté M. Bush a mis l'accent sur l'enjeu de la diversification énergétique. « Si vous êtes dépendant du pétrole venu de l'étranger, vous avez un problème de sécurité nationale. En d'autres termes, la dépendance à une énergie venue d'ailleurs signifie que vous dépendez de décisions prises ailleurs », a déclaré de son côté M. Bush.
Ce partenariat vise « l'inclusion définitive de l'éthanol dans le modèle énergétique des deux pays », selon le président brésilien qui s'est déclaré un « partisan quasi maladif des énergies renouvelables ».
Les deux pays qui concentrent 70% de la production mondiale d'éthanol ont signé un mémorandum de coopération visant notamment à faire de l'alcool un produit commercialisable sur le marché mondial par l'établissement de normes techniques communes.
« Ce mémorandum est notre réponse au grand défi énergétique du XXIe siècle », a estimé le président Lula.
Le document prévoit également un transfert de technologie à d'autres pays intéressés par la production d'alcool carburant, ainsi qu'une coopération technologique entre Washington et Brasilia sur les biocarburants dits de « deuxième génération ».
Actuellement, le Brésil fabrique l'éthanol à partir de la canne à sucre et les USA à partir du maïs. Douze pour cent de son parc automobile est équipé de moteurs « flex-fuel » permettant de rouler à l'essence ou à l'éthanol, un pourcentage qui devrait passer à plus de 50% en 2012. Les ventes de voitures bi-carburant représentent en effet plus de 80% des immatriculations.
En revanche les deux présidents n'ont pas soufflé mot de la revendication des industriels du Brésil qui demande aux Etats-Unis d'abaisser ses tarifs douaniers sur l'alcool brésilien.
Les deux présidents ont insisté sur l'importance sociale et environnementale du développement des biocarburants afin de dissiper les inquiétudes de certaines organisations paysannes sur la monoculture.
« Nous voulons voir la biomasse favoriser le développement durable », a dit le président Lula. « Une bonne politique de l'éthanol signifie davantage d'emplois et non pas moins », a dit de son côté le président américain.
L'accord entre Washington et Brasilia a été bien accueilli par l'industrie de la canne à sucre et les constructeurs automobiles, en particulier le volet sur la coopération en matière de recherche sur lequel table le Brésil pour conserver son avance.
« Si le Brésil ne conclut pas d'accord de recherche technologique il risque de rester en arrière », a estimé Rogelio Golfarb, président de l'Association des constructeurs automobiles (Anfavea).
« Si nous sommes aujourd'hui maîtres de la meilleure technologie de production d'éthanol, il n'est pas sûr qu'il en soit de même demain », a estimé de son côté Eduardo Pereira de Carvalho, président de l'industrie de la canne à sucre (Unica).
L'échange d'informations et d'expériences technologiques a une « importance stratégique pour nous », a-t-il dit, soulignant que l'avenir était à la production d'éthanol à partir de cellulose : « La canne à sucre, la paille et la bagasse, sont une source fantastique de biomasse à transformer en cellulose ».