Le nombre d'apiculteurs a baissé de près de 40 % en six ans, disparition en nette accélération qui suit celle des abeilles, constate un audit de la filière apicole publié mardi par FranceAgriMer et réalisé en 2011 par le cabinet Proteis +.
Selon cette étude, qui dresse un état des lieux de l'apiculture en France en 2010 par rapport à 2004, dernier audit en date, « 27.400 apiculteurs, soit entre 4.500 et 4.600 en moyenne », ont disparu chaque année, contre 15.000 par an sur la décennie 1994-2004. Le nombre d'apiculteurs détenant au moins une ruche s'élevait à 41.836 en 2010, selon les estimations de l'étude.
Le nombre de ruches a diminué de 20 %, à un peu plus d'un million en 2010, contre 1,356 million en 2004. En revanche, la production de miel a baissé de 28 % (18.330 tonnes en 2010, contre 25.500 t), témoignant « surtout de la baisse du rendement moyen par ruche », pointe FranceAgriMer.
« On suppose que la baisse du nombre d'apiculteurs est directement corrélée à la disparition des abeilles, même si on n'en a aucune preuve », a indiqué à l'AFP Marion Robert-Vérité, responsable du programme apicole de FranceAgriMer.
Selon elle, les petits apiculteurs, largement majoritaires, qui perdent chaque hiver de nombreuses colonies et parfois toutes leurs ruches, « finissent par se décourager ».
Ces apiculteurs « familiaux » représentent 91 % de la profession : disposant de 1 à 30 ruches, ils produisant 19 % du miel français, quand les apiculteurs professionnels (plus de 150 ruches) ne représentent que 4 % du total mais gèrent 55 % des ruches, assurant les deux tiers (63 %) de la production.
Les aides européennes fixant un seuil minimal de 70 ruches, seuls 6 % des apiculteurs – totalisant 63 % des ruches et 72 % de la production – en bénéficient.
L'audit, conduit entre juin 2011 et mai 2012, montre encore une nette progression de la filière bio, dont le nombre d'apiculteurs a plus que doublé avec 360 exploitations (contre 144 en 2004) et près de 70.000 ruches, soit 6,5 % du parc national de ruches.
Le bio comme le conventionnel sont soumis aux attaques du varroa, l'ennemi numéro un, et des nombreux prédateurs de l'abeille qui provoquent une forte mortalité et « une réduction de la longévité des reines (moins de deux ans) et de leur fertilité », selon FranceAgriMer.
Au point que certains apiculteurs (entre 500 et 1.000) se sont spécialisés dans la production de reines ou d'essaims et qu'un « marché existe et se développe avec des échanges au niveau local, national ou international », note l'organisme.
Selon un rapport des Nations unies en 2011, la mortalité des abeilles a atteint entre 10 et 30 % du cheptel ces dernières années en Europe, 30 % aux Etats-Unis et plus de 85 % au Moyen-Orient. Elle est attribuable à divers facteurs : pesticides, pollution, perte de biodiversité.... Et disparition des apiculteurs.
Téléchargez l'audit de la filière apicole de 2004 à 2010 (pdf de 32 pages).